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Londres (awp/afp) - Les prix du cacao sont lourdement retombés cette semaine, alors que des pluies abondantes présagent d'une amélioration des récoltes des deux principaux pays producteurs de fèves, certains investisseurs procédant également à des prises de bénéfices.

En sept jours, la tonne de cacao a perdu près de 29% de sa valeur à la Bourse de Londres, et environ 14% à New York.

Les experts de Rabobank attribuent notamment le fort reflux des cours à "des prises de bénéfices spéculatives", après que les prix aient explosé de près de 130% cette année jusqu'à la mi-juin.

La dégringolade des cours a notamment débuté avec "des précipitations en Afrique de l'Ouest", qui pourraient bénéficier aux récoltes de la Côte d'Ivoire et du Ghana, constatent les analystes de Rabobank.

Respectivement premier et second producteurs mondiaux de fèves, les deux pays souffraient depuis des mois d'un phénomène météorologique appelé Harmattan, un vent du nord-est venu du désert, chargé de poussière, qui dessèche les plantations.

Au Ghana, 700.000 tonnes pourraient être récoltées lors de la prochaine campagne agricole 2024-2025, ce qui représenterait une augmentation significative par rapport aux 425.000 tonnes attendues pour cette année, détaille Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank.

Par ailleurs, l'intérêt des investisseurs pour le cacao est retombé après une série de records historiques, car miser encore sur l'appréciation de cette matière première agricole s'avère trop coûteux.

Vendredi, vers 15H30 GMT (17H30 à Paris), à Londres, la tonne de cacao pour livraison en décembre valait 5.239 livres sterling, contre 7.319 livres sterling une semaine plus tôt en fin de séance.

A New York, la tonne pour livraison en septembre valait dans le même temps 7.656 dollars, contre 8.905 dollars vendredi dernier.

Le zinc étincèle

En raison d'une production limitée en Chine, plus grand producteur mondial de zinc, le cours de ce métal a tiré son épingle du jeu cette semaine, là où les prix d'autres métaux de base sont retombés de leur envolée de mai.

Le prix de la tonne de zinc a grimpé d'environ 3,30% sur la semaine.

Le zinc "surperforme" par rapport aux autres métaux de base, "car le marché chinois devrait rester tendu", indique Dan Smith, analyste de Amalgamated Metal Trading (AMT).

Tout comme l'étain, il fait l'objet de "pénuries d'approvisionnement", en raison de difficultés de production en Chine, relève Al Munro, analyste à Marex.

Certaines fonderies chinoises de zinc sont en effet en maintenance et quelques-unes auraient réduit leur production en raison d'un manque de matières premières et de faibles marges.

Or la Chine était le plus grand producteur de zinc en 2023, représentant plus de 33% de la production mondiale totale, selon Global Data.

Cependant, cette situation ne doit pas faire oublier "la faiblesse de la demande en aval" en zinc, tempère Al Munro.

En comparaison, le cuivre, très recherché, s'est légèrement replié sur la semaine, après son record absolu enregistré le mois dernier, en raison d'un marché suffisamment approvisionné.

Vendredi, une tonne de métal de zinc coûtait 2.939,50 dollars vendredi, contre 2.844,00 dollars sept jours plus tôt en fin d'échanges.

L'or patiente

L'or n'a que peu bougé sur la semaine, pris entre l'incertitude du calendrier de baisse des taux américains et celle des résultats des élections législatives en France.

"Alors que le marché du travail américain encore tendu joue contre une baisse précoce des taux d'intérêt, le prix de l'or risque de faire du surplace", remarque Barbara Lambrecht, de Commerzbank.

Les demandes hebdomadaires d'allocations chômage aux États-Unis se sont en effet affichées jeudi moins nombreuses que prévu, ce qui pourrait signifier que le marché de l'emploi est robuste, et alimenter l'inflation. Cependant, les analystes ont estimé que ce résultat pouvait s'expliquer par un jour férié.

L'inflation américaine, conformément aux attentes du marché, a ralenti à 2,6% sur un an en mai, après 2,7% en avril.

Pas de quoi convaincre la Réserve fédérale (Fed) d'abaisser ses taux de sitôt cette année, pense Mme Lambrecht.

Or des taux plus élevés pour une période prolongée soutiennent les rendements des obligations d'État et le billet vert, ce qui a tendance à détourner les investisseurs du métal jaune.

En France, le premier tour des élections législatives se tient dimanche et pourrait voir une nette victoire du parti d'extrême droite, le Rassemblement national, selon les derniers sondages.

"Cette incertitude électorale a influencé positivement les cours de l'or", considéré comme une valeur refuge face à un environnement économique jugé risqué, remarque Fawad Razaqzada, analyste de City Index.

L'once d'or s'échangeait vendredi à 2.328,90 dollars, contre 2.321,98 dollars sept jours plus tôt à la clôture.

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