LE CAIRE, 10 juin (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken était attendu lundi au Proche-Orient, sa huitième visite dans la région depuis le début de la guerre entre le Hamas palestinien et Israël, pour tenter d'obtenir la mise en oeuvre de l'accord de cessez-le-feu global présenté par Joe Biden.

Un haut responsable du Hamas, Sami Abou Zouhri, a invité lundi l'administration américaine à faire pression sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, afin que les combats cessent dans la bande de Gaza.

"Nous appelons l'administration américaine à faire pression sur l'occupant pour qu'il mette fin à la guerre contre Gaza, et le mouvement Hamas est prêt à accueillir favorablement toute initiative qui mettrait fin à la guerre", a-t-il déclaré.

Le chef de la diplomatie américaine se rendra dans un premier temps en Egypte, en première ligne dans les efforts de médiation, pour y rencontrer le président égyptien Abdel Fattah al Sissi. Il est attendu en fin de journée en Israël où il s'entretiendra avec Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant, selon un programme fourni par le département d'Etat.

Antony Blinken doit également se rendre en Jordanie et au Qatar dans la semaine.

Selon des habitants de Rafah, dans le sud de l'enclave palestinienne, des chars israéliens ont entrepris lundi à l'aube de progresser plus avant vers le nord de la ville, se rapprochant du quartier densément peuplé d'Al-Shaboura, considéré comme un bastion du Hamas.

UN PLAN EN SUSPENS

Le président américain Joe Biden a rendu public le 31 mai un projet d'accord "global" de cessez-le-feu, qu'il a présenté comme une proposition israélienne, pour mettre fin au conflit armé opposant depuis le 7 octobre le Hamas palestinien à l'armée israélienne.

Le gouvernement israélien a depuis lors déclaré qu'il avait livré une version "incomplète" du document, soulignant que la destruction totale du Hamas restait une condition de l'accord.

Ce plan se déclinerait en trois phases.

Une première phase prévoit un cessez-le-feu de six semaines dans la bande de Gaza, complété d'un retrait des troupes israéliennes des zones densément peuplées de l'enclave palestinienne, afin de permettre la libération d'otages israéliens - il serait question dans un premier temps des femmes, des personnes âgées, blessées ou malades.

En échange, le plan évoque l'élargissement de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens. Cette trêve de six semaines serait également mise à profit pour favoriser le retour des civils palestiniens déplacés dans le nord de l'enclave.

En parallèle, les deux parties en conflit négocieraient un cessez-le-feu permanent.

Si un accord intervenait, une deuxième phase s'ouvrirait alors avec l'arrêt définitif des combats, le retour de tous les otages israéliens et le retrait complet de l'armée israélienne de la bande de Gaza. Une troisième phase serait consacrée à la reconstruction du territoire dévasté.

L'ancien ministre de la Défense Benny Gantz a annoncé dimanche sa démission du cabinet de guerre israélien mis en place par Benjamin Netanyahu le 11 octobre dernier.

Il a accusé Benjamin Netanyahu de faire obstacle à "une vraie victoire" contre le Hamas en raison de "considérations politiques" et a appelé à des élections législatives anticipées. (Reportage Nidal Al-Mughrabi, version française Sophie Louet)