par Rania El Gamal et Regan Doherty

DOHA, 4 novembre (Reuters) - L'opposition, fragmentée, au régime de Bachar al Assad se réunit à compter de ce dimanche dans la capitale du Qatar pour tenter d'unifier ses composantes militaire et politique mais les premières indications n'incitent guère à l'optimisme.

Les discussions doivent durer quatre jours et tout laisse à penser qu'elles seront délicates. L'objectif est d'élargir de 200 actuellement à 400 la composition du Conseil national syrien (CNS), la plus grande instance de l'opposition en exil, très critiquée pour son manque de représentativité.

"Les quatre jours qui viennent verront au CNS l'élection pour la première fois de comités exécutifs et d'un nouveau président", a précisé à Reuters George Sabra, une des principales figures de l'opposition.

En cas de succès, une nouvelle étape débuterait jeudi visant à mettre en oeuvre "l'initiative Seif", du nom de Riad Seif, un ancien député et une des figures majeures de la dissidence, qui a quitté la Syrie en juillet après y avoir été emprisonné. (voir )

Ce dernier, qui a multiplié les contacts ces derniers temps avec les différentes composantes de l'opposition, propose la formation d'une nouvelle instance civile de 50 membres qui nommerait par la suite un gouvernement provisoire et se coordonnerait avec les combattants, en espérant un commandement militaire unifié.

LA REPRÉSENTATIVITÉ EN QUESTION

Cette assemblée de cinquante membres serait plus crédible aux yeux des Syriens et améliorerait le dialogue avec les Occidentaux, la Turquie ou les pays du Golfe, ce qui pourrait faciliter l'acheminement d'armes antichars et antiaériennes potentiellement décisives dans la bataille contre les forces loyalistes.

"L'initiative Seif sera bien accueillie si elle a pour résultat une direction politique véritablement représentative des forces sur le terrain", juge Catherine al Talli, une autre militante de l'opposition.

Le dernier grand rassemblement anti-Assad, en juillet au Caire, n'a pas permis la nomination d'une commission qui aurait pu représenter l'opposition à l'étranger.

La majorité des délégués s'est en revanche entendue sur quelques objectifs clés: départ du président Bachar al Assad et son remplacement par une démocratie multipartite.

De sources proches de l'opposition, on souligne que le succès de l'initiative Seif dépendra de sa capacité à résister aux pressions du CNS, qui s'efforcera de placer ses propres hommes au sein de la nouvelle assemblée.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a lancé un appel en ce sens mercredi, exhortant le CNS à inclure en son sein ceux qui combattent sur le front. Le conflit syrien a fait plus de 32.000 morts en plus de dix-neuf mois. (avec Khaled Oweis à Amman, Jean-Stéphane Brosse et Pascal Liétout pour le service français)