(Actualisé avec Kerry, entretien Poutine-Assad)

GENEVE, 19 octobre (Reuters) - Des délégations russe et américaine ont discuté mercredi à Genève des moyens de distinguer les combattants du Front Fateh al Cham, ex-Front al Nosra, des autres insurgés syriens présents à Alep-Est pour créer les conditions d'un nouveau cessez-le-feu.

L'équipe américaine était emmenée par Michael Ratney, émissaire de Washington pour le conflit syrien, et la délégation russe formée d'experts militaires dont on ignore l'identité.

L'Arabie saoudite et le Qatar ont notamment été invités à participer à leurs négociations, mais pas l'Iran, dit-on de source diplomatique occidentale.

"L'idée est d'impliquer les Russes dans une discussion sur le sujet", a-t-on souligné de même source, avant l'entrevue qui s'est déroulée dans les locaux genevois de l'Union européenne.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a cependant déclaré mercredi soir qu'il n'avait "pas de grands espoirs" que ces discussions débouchent sur un cessez-le-feu.

Les Etats-Unis et leurs alliés, réunis mardi à Genève pour coordonner leurs efforts, ont décidé de créer un groupe de travail pour distinguer le Front Fateh al Cham de l'opposition modérée.

La Russie a quant à elle annoncé lundi une "pause humanitaire" pour jeudi à Alep et a suspendu mardi de manière inattendue ses bombardements des quartiers aux mains des insurgés pour permettre aux civils et aux rebelles de quitter la ville. Elle se dit favorable à l'offre de l'émissaire de l'Onu, Staffan de Mistura, qui a proposé de faciliter le départ des djihadistes.

Moscou dit en outre envisager de prolonger sa "pause" à conditions que les autres composantes de l'insurrection se démarquent de l'ex-Front al Nosra, branche locale d'Al Qaïda qui dit avoir rompu avec le mouvement djihadiste.

Le président Vladimir Poutine s'est entretenu à ce sujet au téléphone avec son homologue syrien Bachar al Assad, ont rapporté mercredi soir les agences de presse russes en citant un porte-parole du Kremlin.

La distinction sera toutefois difficile à faire dans la mesure où les groupes armés d'Alep ont longtemps combattu côte-à-côte, d'autant que les effectifs du Front Fateh al Cham font débat. L'Onu les évalue à 900 hommes sur les 8.000 rebelles présents à Alep-Est. De sources diplomatiques, on parle de 200 combattants tout au plus.

A la demande de la Grande-Bretagne, le Conseil des droits de l'homme de l'Onu se réunira par ailleurs vendredi pour débattre d'un projet de résolution réclamant l'ouverture d'une enquête indépendante pour établir si des crimes de guerre ont été commis en Syrie. (Stephanie Nebehay, avec Lesley Wroughton à Washington et Vladimir Soldatkin à Moscou, Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français)