par Gloria Dickie

27 juin (Reuters) - Les feux de forêt qui ravagent de vastes étendues de territoire au Canada ont émis la quantité record de 160 millions de tonnes de carbone dans l'atmosphère cette année, a estimé mardi le programme Copernicus de l'Union européenne, chargé de l'observation de la Terre.

Ces incendies sont les pires jamais enregistrés au Canada, où environ 76.000 km carrés ont été détruits par les flammes cette année dans l'est et l'ouest du pays, une surface déjà supérieure au cumul des années 2016, 2019, 2020 et 2022, selon le Centre interservices des feux de forêt du Canada.

A la date du 26 juin, les émissions de carbone de ces feux de forêt depuis le début de l'année sont les plus élevées au Canada depuis le début de la surveillance par satellite en 2003, dépassant les 140 millions de tonnes accumulées en 2014.

Elles correspondent à peu près aux émissions annuelles de dioxyde de carbone de l'Indonésie à partir des énergies fossiles.

Ces incendies risquent en outre de créer un cercle vicieux en matière de réchauffement climatique puisque les forêts sont des puits naturels de carbone.

On estime que les forêts boréales du nord du Canada retiennent plus de 200 milliards de tonnes de carbone, l'équivalent de plusieurs décennies d'émissions mondiales. Si elles brûlent, elles relâchent ce carbone dans l'atmosphère, accélèrent le réchauffement climatique et risquent de brûler davantage.

Après avoir enveloppé les grandes villes du nord-est du continent nord-américain, comme Toronto ou New York plongées pendant plusieurs jours dans un étrange ciel orangé, les nuages de fumée de ces feux canadiens ont traversé l'Atlantique et s'approchent de l'Europe, où, selon Mark Parrington, scientifique au sein de Copernicus, ils pourraient provoquer un ciel brumeux et des couchers de soleil orange vif cette semaine.

Ces nuages devraient néanmoins rester assez haut dans l'atmosphère et ne pas dégrader la qualité de l'air au sol, contrairement à ce qui s'est produit en Amérique du Nord où les autorités sanitaires ont émis des alertes pour inciter les habitants à rester cloîtrés chez eux.

La météo au Canada restant inhabituellement chaude et sèche, "il n'y pas encore de fin en vue" à ces feux de forêt, dont la saison atteint généralement son paroxysme fin juillet ou en août, a dit Mark Parrington. (Version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Stéphane Brosse)