par Patrick Vignal

Les principales Bourses européennes évoluent prudemment mercredi avant la publication dans la matinée d'indices PMI sur l'activité du secteur privé qui devraient confirmer l'ampleur des dégâts infligés à l'économie européenne par la crise du coronavirus.

Les indices ont perdu un facteur de soutien avec la fin d'une séquence de hausse des cours du pétrole portée par les espoirs d'une reprise de la demande avec la levée progressive du confinement dans plusieurs pays.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 0,51% à 4.460,34 points vers 07h30 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,38% et à Londres, le FTSE grappille 0,05%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro abandonne 0,41%, le FTSEurofirst 300 est quasiment inchangé (-0,01%) et le Stoxx 600 cède 0,11%.

Les Bourses européennes ont terminé en nette hausse mardi, profitant du bon accueil réservé par les investisseurs aux résultats de plusieurs poids lourds de la cote et surtout du rebond spectaculaire des cours du pétrole.

"La déconnexion entre l'économie réelle et la Bourse est de plus en plus perceptible", commente Christopher Dembik, responsable de l'analyse macroéconomique chez Saxo Bank.

"Certains opérateurs dans les salles de marché craignent que cette déconnexion ne dure pas et que la Bourse soit confrontée à un atterrissage douloureux lorsque la gravité économique de la crise actuelle aura été pleinement prise en compte", ajoute-t-il.

LES VALEURS A SUIVRE :

En attendant la publication des indices PMI, qui devraient confirmer notamment la vulnérabilité des économies italienne et espagnole, les investisseurs réagissent à une nouvelle série de comptes trimestriels d'entreprises.

A Paris, L'action Crédit agricole hésite dans les premiers échanges (-0,11%) après la publication d'un bénéfice trimestriel en repli de 16,4% sur un an, la deuxième banque cotée française ayant pratiquement triplé ses provisions pour risque de crédit afin de se protéger contre d'éventuels défauts de remboursement liés à la crise du coronavirus.

BMW cède 3,87% à Francfort après avoir abaissé sa prévision de bénéfice annuel en raison de l'impact attendu de la crise du coronavirus sur la demande. Le bénéfice du constructeur automobile allemand au T1 est en hausse, mais uniquement parce que celui publié un an plus tôt avait été pénalisé par une lourde charge exceptionnelle.

EN ASIE

Les marchés japonais restent fermés mais les Bourses chinoises, qui l'étaient depuis vendredi, ont rouvert et réagi avec un temps de retard au regain de tension avec les Etats-Unis, qui accusent Pékin d'être responsable de la propagation du coronavirus.

"Avec Trump et compagnie qui continuent de s'en prendre au laboratoire de Wuhan, les traders sont très prudents ce matin et envisagent toutes les réponses possibles de la Chine", commente Stephen Innes, responsable de la stratégie de marché chez AxiCorp. "La plus douloureuse serait une réduction par la Chine de ses importations de pétrole américain."

L'indice SSE Composite de la Bourse de Shanghai a longtemps reculé avant de se retourner pour finir en hausse de 0,6%, favorisé par une intervention de la banque centrale chinoise sur le yuan jugée modérée et interprétée comme un geste de bonne volonté à l'égard de Washington.

A WALL STREET

Les futures de la Bourse de New York évoluent en hausse d'environ 0,7% dans l'attente de la publication des chiffres mensuels du cabinet ADP sur l'emploi privé (12h15 GMT). Ils devraient témoigner de l'explosion continue du chômage aux Etats-Unis en raison des mesures de confinement, que confirmera sans doute également vendredi le rapport mensuel sur l'emploi.

Wall Street a fini mardi en hausse modérée, soutenue par les valeurs liées à l'énergie, favorisées par le rebond des cours du brut.

Les indices ont cependant réduit leurs gains après l'intervention du vice-président de la Réserve fédérale, Richard Clarida, qui a déclaré que l'économie américaine allait sans doute se contracter nettement au deuxième trimestre et que la détérioration de l'emploi était sans précédent depuis les années 1940.

L'indice Dow Jones a gagné 133,33 points à 23.883,09.

Le S&P-500, plus large, a pris 26,09 points, soit 0,92%, à 2.868,83.

Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 98,1 points (1,13%) à 8.808,81 points.

TAUX/CHANGES

Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans prend deux points de base à 0,68% dans les échanges en Asie.

Le Bund allemand à 10 ans, taux de référence de la zone euro, suit le mouvement (+2 points de base à -0,56%).

Sur le front des devises, le dollar gagne un peu de terrain face à un panier de référence. L'euro se traite en légère baisse à 1,0824, toujours pénalisé par la décision annoncée mardi par la Cour constitutionnelle allemande.

Cette dernière a jugé que la Bundesbank devrait cesser d'ici à trois mois d'acheter des emprunts d'Etats de la zone euro pour le compte de la Banque centrale européenne (BCE) si l'institution de Francfort n'apportait pas la preuve pas que ces achats étaient justifiés.

PÉTROLE

Les deux contrats de référence sur le brut sont repartis à la baisse après avoir beaucoup grimpé sur des espoirs d'une reprise de la demande avec la levée progressive des mesures de confinement.

Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 1% à 24,27 dollars le baril et le Brent de mer du Nord abandonne 0,2% à 30,91 dollars.

(Édité par Marc Angrand)