* Bertrand privilégie chômage partiel et pactes d'entreprise

* Tous les outils sont en place, souligne Baroin

* Mailly (FO) déplore de "vieilles lunes" (Actualisé avec contexte européen et CGT)

PARIS, 27 décembre (Reuters) - Le gouvernement français espère mettre en oeuvre des mesures sur l'activité partielle et les "pactes compétitivité emploi" dans les entreprises d'ici à la présidentielle de 2012 afin de lutter contre la hausse du chômage, a déclaré mardi Xavier Bertrand.

Le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté de 1,1% en novembre pour atteindre son plus haut niveau depuis 12 ans, à plus de 2,8 millions en catégorie A. (Voir )

Le président Nicolas Sarkozy organise le 18 janvier un sommet social avec l'ambition de proposer des solutions "d'application rapide pour contenir au maximum les effets de crise".

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, doit recevoir du 5 au 12 janvier les partenaires sociaux pour préparer la réunion.

"Le chômage n'est pas un problème franco-français. Il n'y a que l'Allemagne aujourd'hui qui voit son chômage reculer parce qu'ils ont fait des réformes de fond sur le marché du travail depuis dix ans et pendant dix ans", a dit ce dernier sur RTL.

"Nous, nous l'avons entrepris depuis quelques années seulement. C'est la différence", a-t-il ajouté.

Les chiffres de l'institut européen de la statistique (Eurostat) montrent cependant que la situation en France est la pire de tous les membres de la zone euro qui lui sont le plus comparables, sauf l'Espagne. ( et GRAPHIQUE http://link.reuters.com/mym75s)

Deux mesures peuvent être mises en oeuvre rapidement pour limiter les effets de la crise - chômage partiel et "pacte compétitivité emploi", a estimé Xavier Bertrand.

Le ministre de l'Economie préfère souligner pour sa part que "tous les outils sont en place pour aider les entreprises à passer le cap du ralentissement de l'économie mondiale".

"François Baroin tient à rappeler l'action engagée par le gouvernement pour mobiliser l'ensemble des services de l'Etat et les nombreux dispositifs d'aide aux entreprises, notamment les dispositifs d'accompagnement des entreprises", précise un communiqué diffusé après l'intervention de Xavier Bertrand.

Pour le ministre du Travail, "simplifier, raccourcir les délais" pour avoir davantage recours au chômage partiel, "c'est tout à fait possible".

"FIN DE RÈGNE"

"Il y a aujourd'hui des moyens qui ne sont pas utilisés", a-t-il affirmé, évoquant "des besoins de l'Etat, des besoins des partenaires sociaux".

"Sur le pacte compétitivité emploi, s'il y a un accord des partenaires sociaux, on peut aussi aller très vite."

Le principe de ce pacte : "Quand ça va bien, on peut augmenter la durée du travail, les rémunérations, beaucoup plus vite, beaucoup plus facilement. Quand ça va moins bien, on peut adapter le temps de travail s'il y a des garanties pour l'emploi. C'est ce qui se fait par exemple en Allemagne."

"Cette idée, elle est en train de faire son chemin avec les partenaires sociaux", a dit Xavier Bertrand. "Il vaut mieux garder dans l'entreprise que licencier, surtout si la crise a un caractère temporaire."

Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a estimé que le recours au chômage partiel nécessitait de "mettre de l'argent sur la table".

"On a énormément réduit les recettes fiscales ces dernières années, c'est autant d'argent en moins dont l'Etat peut disposer par exemple pour le chômage partiel", a-t-il dit sur BFM TV. "Les baisses d'impôts, elles ont privilégié essentiellement les plus aisés ou en tout cas les grosses entreprises".

"Ce n'est pas plus de flexibilité (...) qui va améliorer la situation dans le domaine de l'emploi. Ce sont de 'vieilles lunes', on ressort des trucs d'avant la crise, (...) cela ne peut pas être ce genre de pistes", a jugé Jean-Claude Mailly.

La CFDT regrette pour sa part que le sommet social, qu'elle réclamait depuis août, intervienne trop tard.

"L'augmentation du chômage n'a pas attendu que le gouvernement réagisse", souligne le syndicat dans un communiqué.

"Comme lors de la crise de 2009, les entreprises préfèrent licencier et mettre fin aux contrats d'intérim et aux CDD plutôt que de développer les mesures sociales d'attente à leur disposition", ajoute-t-il.

Pour la CGT, "encore une fois, ce sommet risque de se réduire à un énième nouveau plan de communication d'un président en fin de règne". (Sophie Louet, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)