par Patrick Vignal

Le Premier ministre a mis à profit sa première visite officielle en Grande-Bretagne depuis son arrivée à Matignon en 2007 pour plaider pour davantage de régulation financière et de gouvernance économique, notamment devant la City de Londres.

Les tensions sur les marchés financiers liées à la crise de la dette souveraine ont alimenté les spéculations sur l'éventuelle nécessité d'augmenter les moyens du Fonds européen de stabilité financière (FESF), déjà sollicité pour soutenir l'Irlande et qui pourrait devoir venir en aide à d'autres pays.

"Les Etats de la zone euro, et particulièrement la France et l'Allemagne, sont prêts à tout mettre en oeuvre, absolument tout, pour assurer la stabilité de la zone euro", a déclaré François Fillon dans un discours prononcé au Guildhall, le centre administratif de la City de Londres.

La stabilité de la zone euro "est une priorité politique et économique absolue", a-t-il ajouté devant un parterre d'acteurs de la première place financière européenne, parfois sceptique sur les chances de survie de la zone euro.

La crise de la dette ne doit se traduire ni par une augmentation du FESF ni par celle du budget européen, a déclaré pour sa part François Fillon.

"Est-ce qu'il y besoin d'argent supplémentaire (pour aider les pays en difficulté de la zone euro) ? La réponse est non", a-t-il dit, exprimant une position qui a été affichée aussi jeudi par l'Allemagne.

Des sources européennes avaient indiqué mardi que les ministres des Finances de la zone euro devraient évoquer la semaine prochaine l'hypothèse d'un relèvement de la capacité de prêt effective du FESF pour la porter à son maximum prévu de 440 milliards d'euros contre environ 250 milliards actuellement.

UN CHOIX CURIEUX

Le choix de Londres, qui refuse obstinément l'euro, peut paraître curieux pour défendre la monnaie unique mais François Fillon, qui avait tenu lundi dernier un discours similaire lors de ses voeux à la presse, a estimé que la bienveillance des autorités britanniques servait leurs propres intérêts.

"Elles savent que l'insularité monétaire n'existe pas pour un pays dont la moitié des exportations sont à destination de la zone euro", a-t-il dit.

Son homologue britannique David Cameron, qui a reçu François Fillon au 10, Downing Street, a poliment acquiescé lors d'une conférence de presse conjointe mais a aussi affirmé que son pays n'envisageait absolument pas d'adopter l'euro ni de participer aux futurs mécanismes de protection de la monnaie unique.

François Fillon, lui-même hostile naguère au traité de Maastricht mais désormais rangé derrière l'étendard européen, a répété sa conviction que l'euro devait être soutenu à tout prix, alors que des voix saisissent le prétexte de la crise pour réclamer un retour aux monnaies nationales.

"L'éclatement de la zone euro est inenvisageable", a-t-il dit. "Ce serait un signal politique désastreux et la fin de l'aventure européenne."

"Nous avons besoin d'une gouvernance économique de la zone euro", a-t-il ajouté, avant d'insister sur la nécessaire harmonisation des politiques économiques, fiscales mais aussi sociales de ses partenaires.

François Fillon, qui soigne son profil d'homme d'Etat depuis le remaniement de novembre dernier, ne s'est pas contenté d'évoquer l'Europe lors d'un discours centré sur l'économie.

"Le redressement de l'économie mondiale ne peut pas être durable sans une meilleure régulation économique et financière", a-t-il dit, rappelant ainsi l'axe prioritaire de la présidence française du G20 défini par Nicolas Sarkozy.

Edité par Yves Clarisse