Au septième jour de son procès devant le tribunal correctionnel, le jeune homme de 33 ans, pressé de questions pendant près de trois heures par le tribunal et par les trois avocats de la SocGen, a reconnu que ses positions étaient "débiles", mais il campe sur sa ligne de défense en répétant que la banque connaissait parfaitement ses activités.

Pour la Société générale, partie civile, les opérations fictives de Jérôme Kerviel ont masqué ses véritables positions directionnelles sur les marchés, portées jusqu'à 50 milliards d'euros en janvier 2008, déjouant ainsi les contrôles de la banque et qui ont abouti à une perte historique de 4,9 milliards.

"Vous continuez à dissimuler", lance le procureur Jean-Michel Aldebert à l'ancien trader. "Qui êtes-vous, Monsieur Kerviel, pour avoir ce genre de comportement?".

"Pourquoi n'avez-vous pas tout déballé à ce moment-là (en janvier 2008)?", insiste-t-il.

Jérôme Kerviel continue à soutenir qu'il ne s'agissait que de faire gagner de l'argent à la banque.

"Ce n'était pas pour défier le système", se défend-il. "J'étais dans une spirale", dit-il pour justifier ses prises de positions.

"Spirale? Spirale? Mais dans la spirale, vous entraînez la banque", réplique le président du tribunal, Dominique Pauthe. "Est-ce que le rôle d'un trader ce n'est pas d'être calculateur?", demande-t-il avec une pointe d'ironie.

"FAUSSAIRE"

Poursuivi pour "faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique", Jérôme Kerviel encourt jusqu'à cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.

Interrogé sur ses opérations fictives, il explique que ces pratiques sont couramment utilisées par les traders et connues dans les salles des marchés.

"Mes positions, je ne les cachais pas dans la salle de marchés".

"Des apparences qui vous transforment en faussaire", lance le président à Jérôme Kerviel.

"En faussaire? Non", se défend le jeune homme.

"Si, puisque vous faites des faux", insiste le magistrat.

Au cours de débats très techniques, le président a plusieurs fois interpellé Jérôme Kerviel pour que ce dernier s'exprime plus distinctement à la barre.

"Vous parlez vite. C'est exécrable", a-t-il dit.

"Si vous voulez être convaincant, prenez le temps de l'être dans vos explications", a encore dit Dominique Pauthe à l'ancien trader, qui a tendance à mâcher ses mots et à ne pas articuler lors de son interrogatoire.

Matthieu Protard et Thierry Lévêque, édité par Gilles Trequesser