Les sanctions sur le gaz russe provenant du projet Yamal LNG entraîneraient une flambée des prix et profiteraient aux vendeurs de gaz mondiaux, dont TotalEnergies, a déclaré Patrick Pouyanne, directeur général de TotalEnergies, vendredi, en réponse à une question d'un analyste sur l'impact des sanctions potentielles de l'UE.

CITATIONS CLÉS

"Si l'UE sanctionne Yamal LNG, le prix du GNL augmentera rapidement et notre portefeuille en bénéficiera globalement", a déclaré M. Pouyanne.

"C'est un point positif s'il y a des sanctions, et non un point négatif, car les liquidités provenant de Yamal sont assez limitées", a-t-il ajouté.

"Les dirigeants européens comprennent que la sécurité de leur approvisionnement dépend aujourd'hui du GNL et ils ne veulent plus voir les prix augmenter... Je crois comprendre qu'ils pourraient avoir quelques idées, mais à partir de 2027, pas avant", a-t-il ajouté.

CONTEXTE

La major française de l'énergie détient une participation de 20 % dans le projet Yamal LNG dans l'est de la Russie, qui est détenu majoritairement par le producteur privé russe de GNL Novatek.

TotalEnergies détient également une participation de 19,4 % dans Novatek.

M. Pouyanne a déclaré que la société ne recevrait pas de dividendes de Yamal LNG depuis 2023, car les sanctions sur les transactions financières avec la Russie rendent difficile la sortie d'argent du pays.

Elle a reçu environ 450 millions de dollars de dividendes semestriels de Novatek à la fin de 2022.

Les prix du gaz naturel en Europe ont atteint des niveaux record à la suite de la perte des approvisionnements russes en 2022, l'UE ayant imposé des sanctions financières et autres à Moscou pour la punir d'avoir envahi l'Ukraine.

La nouvelle capacité mondiale de GNL sera limitée jusqu'en 2027, lorsque d'autres projets seront mis en service, ce qui signifie que l'Europe restera en concurrence avec l'Asie et d'autres acheteurs pour des cargaisons limitées jusqu'à cette date, ce qui poussera les prix à la hausse.

POURQUOI C'EST IMPORTANT

Plusieurs pays de l'UE ont appelé à imposer des sanctions sur le GNL russe, bien que l'unanimité requise entre les membres pour qu'une telle mesure soit adoptée n'existe pas.

En 2023, la Russie fournira encore 14,8 % du gaz de l'UE, car une augmentation des cargaisons de GNL à prix réduit remplacera en partie ce qui était auparavant acheminé par gazoduc.

Les responsables politiques européens sont sous pression pour maîtriser les prix de l'énergie et garantir l'approvisionnement, après que des hausses douloureuses ont poussé les ménages et les entreprises à limiter leur consommation, craignant de ne pas pouvoir passer l'hiver. (Reportage d'America Hernandez, rédaction de Dominique Patton, édition de Louise Heavens)