Certains des plus grands groupes de pression du Canada ont demandé jeudi au gouvernement libéral du Premier ministre Justin Trudeau de renoncer à un projet d'augmentation de l'impôt sur les plus-values, une mesure qui, selon eux, étoufferait la croissance et le climat d'investissement dans le pays.

Le gouvernement fédéral a dévoilé le mois dernier son projet d'augmenter la part des plus-values soumises à l'impôt à 66,7 %, contre 50 % actuellement, pour les particuliers dont les bénéfices d'investissement annuels dépassent 250 000 dollars canadiens (181 752 dollars), les entreprises et les fiducies, dans le but d'augmenter les recettes pour financer les programmes publics.

Cette hausse, qui doit entrer en vigueur le 25 juin, devrait générer 19,4 milliards de dollars canadiens (14,2 milliards de dollars) de recettes sur une période de cinq ans, selon le gouvernement.

Le Conseil des innovateurs canadiens (CCI) et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) sont les derniers groupes d'entreprises à avoir exhorté la ministre des finances, Chrystia Freeland, à revenir sur sa décision. Des médecins, des sociétés minières et d'autres se sont déjà opposés au plan fiscal.

"Il est scandaleux que le gouvernement fédéral n'ait pas encore communiqué un projet de loi permettant aux propriétaires de petites entreprises et à leurs conseillers de comprendre toutes les implications des modifications apportées aux gains en capital", a déclaré Dan Kelly, président de la FCEI, dans un communiqué.

"Nous demandons au gouvernement fédéral de supprimer cette hausse désastreuse de l'impôt sur les investissements et d'écouter les innovateurs qui tentent de créer un avenir plus prospère pour toutes les générations", a ajouté la CCI.

La FCEI a déclaré qu'une enquête menée auprès de ses PME membres a révélé qu'environ 72 % d'entre elles ont répondu que le projet d'impôt sur les plus-values nuirait au climat d'investissement et à la croissance au Canada.

Plusieurs économistes et groupes d'investisseurs ont déclaré que l'augmentation de l'impôt détériorerait davantage la productivité du Canada et freinerait les investissements dans des secteurs clés.

"Nous avons vu se développer un remarquable consensus parmi les chefs d'entreprise et les organisations de défense de l'économie : la hausse de l'impôt sur les gains en capital nuira à la prospérité économique du Canada", a déclaré le président de l'ICC, Benjamin Bergen.

Le gouvernement a défendu son projet.

"Les riches, qui ont tendance à tirer relativement plus de revenus des plus-values, en bénéficient de manière disproportionnée par rapport à la classe moyenne", a déclaré Mme Freeland le mois dernier, ajoutant que la nouvelle mesure n'affecterait que 0,13 % de la population.

Pour la plupart de ces groupes industriels, la principale préoccupation est qu'il pourrait y avoir une fuite des capitaux du Canada à un moment où les entrepreneurs ont du mal à lever des fonds en raison des taux d'intérêt élevés.

John Ruffolo, fondateur de Maverix Private Equity et membre de la direction de l'ICC, a déclaré à Reuters que la hausse prévue s'attaque aux personnes mêmes qui sont à l'origine de la productivité et de l'innovation au Canada.

1 dollar = 1,3683 dollar canadien)