L'indice du climat des affaires calculé par l'institut de conjoncture Ifo a reculé à 101,4 en septembre contre 102,3 en août, alors que l'amélioration de deux autres indicateurs la semaine dernière -l'indice ZEW de confiance des investisseurs et le PMI des directeurs d'achats du secteur manufacturier- laissait au contraire espérer une progression.

L'estimation moyenne de 45 économistes interrogés par Reuters donnait un indice en légère hausse, à 102,5.

L'indice Ifo est établi à partir d'un questionnaire adressé à quelque 7.000 entreprises.

"La baisse de l'indice Ifo en septembre vient nous rappeler que les poids lourds de l'Europe souffrent d'un sévère retournement conjoncturel", déclare Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics.

"L'Allemagne a peut-être évité une récession au troisième trimestre mais cela ne semble être qu'une question de temps avant que son économie ne commence à se contracter. Et cela rendra encore plus difficile le soutien aux économies périphériques de la zone euro."

La Bundesbank elle-même ne se montre guère optimiste dans son rapport mensuel publié lundi.

Si elle dit continuer à s'attendre voir l'économie du pays croître légèrement au troisième trimestre, la banque centrale allemande pointe des signes de ralentissement.

"Les perspectives de développement économique sont toujours entourées d'une grande incertitude. La situation économique intérieure est pour l'instant solide mais les signes d'une dynamique plus faible sont visibles", note la Bundesbank en évoquant notamment le marché du travail.

Le commerce extérieur allemand risque d'être davantage affecté par la persistance de la crise dans la zone euro, précise la Bundesbank.

Le climat des affaires s'est également détérioré aux Pays-Bas en septembre, avec un indice à -6,7 points contre -4,6 en août, selon la statistique publiée lundi.

L'indicateur pour la France sera publié mardi.

MAUVAISE PASSE POUR LES EXPORTATEURS

En Allemagne, la baisse du climat des affaires a surtout concerné l'industrie manufacturière ces dernières semaines, alors que le sentiment des distributeurs et grossistes s'est légèrement amélioré.

Les mesures d'austérité dans nombre de pays européens ont réduit la demande pour les exportations allemandes et le ralentissement redouté de l'économie mondiale risque de faire fléchir celle des pays émergents.

Signe des temps, le groupe industriel Bosch et le sidérurgiste ThyssenKrupp viennent d'annoncer des mesures de chômage partiel ("Kurzarbeit") dans leurs usines allemandes.

L'économie allemande a affiché au premier trimestre 2012 une croissance plus qu'honorable de 0,5%, sauvant la zone euro de la récession, mais l'expansion a ralenti à 0,3% au deuxième trimestre et la plupart des économistes anticipent désormais une contraction pour le trimestre qui s'achève.

Dans l'enquête Ifo, la composante des conditions actuelles a reculé à 110,3 contre 111,1 en août et celle des anticipations à 93,2 contre 94,2.

La semaine dernière, l'enquête Markit auprès des directeurs d'achat a montré un cinquième mois consécutif de baisse de l'activité dans le secteur privé, même si l'indice PMI manufacturier est remonté de 44,7 en août à 47,3 en septembre -restant sous la barre des 50 au-delà de laquelle il rend compte d'une expansion.

Ces enquêtes montrent que le nouveau programme de rachat d'obligations souveraines de la Banque centrale européenne et le feu vert de la Cour constitutionnelle allemande au fonds de sauvetage européen n'ont pas encore eu d'effet sur le climat des affaires dans la zone euro, malgré le bon accueil que leur ont fait les marchés.

Klaus Wohlrabe, économiste de l'institut Ifo, a indiqué que 50% des réponses à l'enquête avaient été reçues avant l'avis de la cour de Karlsruhe et que, sans ce coup de pouce, l'indice aurait été plus bas encore.

"La dynamique a fléchi, les perspectives se sont assombries et sont les plus mauvaises depuis mai 2009", a-t-il dit, tout en jugeant qu'une nouvelle baisse de taux n'était pas nécessaire.

Avec Eva Kuehnen; Véronique Tison et Tangi Salaün pour le service français, édité par Marc Angrand

par Alexandra Hudson