BAGDAD, 3 janvier (Reuters) - Des combattants sunnites ont tenu tête jeudi à l'armée irakienne qui tentait de reprendre le contrôle des villes de Ramadi et Falloudja, à l'ouest de Bagdad, où la confrontation avec le gouvernement majoritairement chiite empire.

Cette nouvelle flambée de violences dans la province à dominante sunnite d'Anbar trouve son origine dans l'intervention de la police irakienne contre un camp établi par des manifestants sunnites qui a fait au moins treize morts lundi.

Des milliers de combattants anti-gouvernementaux appartenant à des tribus sunnites ont pris mercredi le contrôle de bâtiments publics dans les deux principales villes de la province, Falloudja et Ramadi.

Les combats ont éclaté jeudi lorsque l'armée, qui s'était retirée de ces deux villes, a tenté d'en reprendre la maîtrise, a-t-on appris auprès des insurgés comme de responsables de la sécurité.

"Aujourd'hui (jeudi), nous avons battu l'armée et si d'autres forces sont envoyées, nous les attendons", a déclaré le cheikh Adnan al Mehana, qui dirige l'une des principales tribus d'Anbar, joint par téléphone à Ramadi.

Des témoins disent que les combattants tribaux ont formé un nouveau groupe, les Révolutionnaires tribaux, et qu'ils ont positionné des snipers sur les toits de maisons dominant le principal accès routier à Ramadi.

Ce sont ces tireurs d'élite qui ont maintenu à distance les soldats irakiens, reconnaissent des responsables locaux de la sécurité.

Des islamistes armés liés à Al Qaïda, majoritairement sunnite, ont profité de la situation pour prendre d'assaut des postes de police, s'emparant d'armes et libérant des détenus. Mais les chefs tribaux ont engagé des discussions avec eux pour qu'ils restent en retrait des combats dans Ramadi et Falloudja.

"Nous voulons éviter que le gouvernement n'emploie une force excessive en prenant pour prétexte la présence d'Al Qaïda", explique un responsable tribal de la région.

Un grand nombre de sunnites, minoritaires dans la population irakienne mais qui détenaient des postes importants sous le régime de Saddam Hussein, éprouvent du ressentiment à l'encontre de la majorité chiite, portée au pouvoir à la suite de l'invasion américaine de 2003, et se disent marginalisés.

Une tribu sunnite de la province d'Anbar a menacé de "mettre l'Irak à feu" si le gouvernement du Premier ministre chiite Nouri al Maliki ne libère pas un député sunnite de premier plan du bloc Irakia, Ahmed al Alouani, qui a été arrêté samedi à Ramadi pour terrorisme. (voir ) (Suadad al-Salhy avec Kamal Namaa à Falloudja; Henri-Pierre André pour le service français)