MARSEILLE, 9 janvier (Reuters) - La direction de la compagnie maritime MCM, qui a repris mardi les actifs de l'ex-SNCM, a fustigé samedi la création par deux anciens candidats à la reprise de cette dernière d'une ligne concurrente de transport de fret entre la Corse et le continent.

La Corsica Linea, conjointement créée par le consortium Corsica Maritima et l'armateur Daniel Berrebi, doit assurer trois rotations hebdomadaires entre Bastia et Marseille.

La direction de la MCM, nom provisoire de l'ex-SNCM, estime que cette nouvelle ligne ne répond à aucun "besoin économique" et résulte du "dépit des candidats recalés".

"Ils n'ont pas pu être les sauveurs de la SNCM, les voilà essayant d'en être les fossoyeurs", dit-elle dans un communiqué.

Le navire de la Corsica Linea, le Stena Carrier, est bloqué en rade de Marseille depuis mardi par des marins grévistes de la MCM et de la compagnie maritime La Méridionale, qui l'empêchent d'accoster.

L'arrivée du roulier battant pavillon danois avec un équipage européen de 22 hommes a suscité la colère des syndicats, qui dénoncent cette "ouverture de lignes régulières concurrentes" sous pavillon international.

Le tribunal de grande instance de Marseille a ordonné vendredi la levée du blocage du Stena Carrier, sous peine d'une astreinte de 30.000 euros par jour pour la CGT et son dirigeant local Frédéric Alpozzo. Ces derniers ont appelé à "respecter la décision" de justice et à lever le blocus.

Mais une nouvelle tentative d'accostage du navire a été repoussée samedi matin par une "action individuelle" de grévistes, qui ont voté la poursuite de leur mouvement au sein de la MCM et de la Méridionale.

Les deux compagnies assurent conjointement la délégation de service public entre la Corse et le continent.

La CGT s'est prononcé pour la mise en place d'un service minimum à l'aide de deux bateaux dans l'attente d'une rencontre avec le président de l'Office des transports de Corse (OTC).

"MCM appelle à la mise en oeuvre d'une table-ronde sous l'égide des nouveaux élus insulaires pour en débattre dans l'intérêt général du devenir de la desserte de la Corse", a également souhaité la direction de la nouvelle compagnie.

"Il faut sortir des logiques d'affrontements mortifères qui ne peuvent mener qu'à la destruction des emplois", dit-elle.

Son président, le transporteur corse Patrick Rocca, a appelé à la reprise du travail, soulignant qu'"apporter aux clients le service qu'ils attendent est la seule vraie façon de répondre à la concurrence". (Jean-François Rosnoblet, édité par Emmanuel Jarry)