* Un compromis pour éviter un défaut en mars

* Les créanciers veulent 4%, Athènes propose 3,5%

* S&P évoque un "défaut sélectif"

* Avertissement de Schäuble (Actualisé avec des précisions, citations, contexte)

ZURICH/ATHENES, 24 janvier (Reuters) - Les créanciers privés de la Grèce répondront massivement présent si un accord de participation volontaire en vue de restructurer sa dette peut être conclu rapidement, a estimé mardi leur représentant.

La Grèce doit parvenir à un tel arrangement, censé réduire d'une centaine de milliards d'euros une dette qui dépasse les 350 milliards, si elle ne veut pas se retrouver en situation de défaut de paiement lorsque 14,5 milliards d'euros d'obligations viendront à échéance en mars.

Un tel accord, préalable au déblocage d'un deuxième plan de renflouement de 130 milliards d'euros mis au point par le Fonds monétaire international et l'Union européenne, doit en principe ramener la dette grecque de 160% du PIB actuellement à 120% d'ici 2020.

"Si nous pouvons conclure un accord volontaire, je suis tout à fait persuadé qu'il y aura une participation à grande échelle", a déclaré Charles Dallara, le directeur général de l'Institut de la finance internationale (Ifi), qui négocie au nom des créanciers privés de la Grèce.

Mais dans un entretien à la chaîne de télévision CNBC, Charles Dallara a dit qu'on ne savait pas bien si toutes les parties étaient engagées à aboutir à un tel accord.

"Nous restons engagés vis-à-vis d'un accord volontaire, mais je ne suis pas absolument certain, pour l'heure, que toutes les parties le soient", a-t-il observé.

Les ministres des Finances de la zone euro ont rejeté lundi la dernière offre de participation des créanciers privés de la Grèce à un second plan d'aide à Athènes et ont appelé à la conclusion rapide d'un accord. (voir )

Charles Dallara a fait savoir que l'Ifi n'avait pas encore reçu de notification officielle du rejet de cette offre.

Il n'a rien répondu à la question de savoir si les créanciers étaient prêts à revenir sur leur revendication d'un coupon de 4% sur les obligations nouvelles qu'émettrait la Grèce en échange de celles détenues par ses créanciers. "Je ne veux rien dire; je pense que notre position est claire", a-t-il dit.

PAS D'EFFET DOMINO

Pour Charles Dallara, qui se rend ensuite à Paris sans s'arrêter au Forum économique mondial annuel de Davos, il est important que toutes les parties honorent l'accord conclu le 27 octobre entre les dirigeants de la zone euro et les banques privées et assureurs.

Cet accord consacre une décote de 50% des obligations détenues par les créanciers en échange de titres de dette nouvellement émis.

Mais face à des créanciers qui veulent un intérêt de 4% sur ces nouvelles obligations, Athènes n'est pas disposée à verser un coupon de plus de 3,5%, ce qui impliquerait une perte beaucoup plus lourde pour eux.

Des sources proches des discussions avaient toutefois dit la semaine dernière qu'après des semaines de marchandage, les deux parties convergeaient vers un compromis par lequel les créanciers privés accepteraient une perte réelle de 56% à 70%, ainsi que de nouvelles obligations à échéance de 30 ans.

Cela étant, même si un accord était conclu et ouvrait le processus de restructuration de la dette grecque, l'agence de notation Standard & Poor's a fait savoir qu'elle n'en abaisserait pas moins la note souveraine grecque en catégorie de "défaut sélectif".

Mais, a dit John Chambers, président du comité des notations souveraines de S&P, "il n'est pas dit qu'un défaut grec ait un effet domino dans la zone euro".

Les négociations devraient désormais reprendre au cours des prochaines heures avec pour but de parvenir à un accord d'ici au sommet européen qui se tient lundi prochain à Bruxelles.

Quoi qu'il en soit, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a bien souligné que l'ensemble des partis politiques grecs devaient consentir aux réformes exigées en contrepartie du second plan de renflouement.

"La Grèce doit mettre en oeuvre les mesures et les réformes convenues. Et bien sûr, tous les partis politiques grecs doivent adhérer aux mesures et au nouveau plan, indépendamment des élections à venir", a-t-il dit devant la presse à Bruxelles. (Caroline Copley, Katie Reid, Lesley Wroughton et Julien Toyer; Catherine Monin et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Danielle Rouquié)