Berlin (awp/afp) - L'inflation en Allemagne a encore donné un coup d'accélérateur en janvier, atteignant 1,9%, selon une statistique provisoire publiée lundi, à un pas seulement du niveau de presque 2% si cher à la Banque centrale européenne (BCE).

Après des progressions de 0,8% en octobre et novembre et un bond de 1,7% en décembre, les prix à la consommation dans la première économie européenne ont donc continué leur remontée, enregistrant un rythme de croissance qui n'avait plus été observé depuis juillet 2013, a précisé l'Office fédéral des statistiques Destatis.

Les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset attendaient une accélération encore plus marquée, allant jusqu'au sacro-saint seuil de 2%.

Pour la BCE, la stabilité des prix doit se traduire à moyen terme par une augmentation de "proche de 2%". Cet objectif, jamais chiffré plus précisément, permet à l'institution monétaire de Francfort d'orienter sa politique monétaire, actuellement des plus accommodantes justement pour redynamiser les prix en zone euro.

Une première estimation de l'inflation de janvier en zone euro sera connue mardi. Or, l'inflation allemand pèse lourd dans le calcul fait pour l'ensemble de l'union monétaire. Dans la mesure où elle a également grimpé à 1,9% selon l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPHC), la référence pour la BCE, il y a fort à parier que l'inflation européenne va également avoir accéléré. Les analystes tablent sur une hausse de 1,5%, après 1,1% en décembre.

"Avec les chiffres publiés (lundi), les critiques allemandes envers la BCE vont très probablement encore augmenter", anticipe Carsten Brzeski, économiste chez ING Diba, craignant que cela ne mette surtout à mal la crédibilité de l'institution monétaire européenne.

Depuis des mois, la BCE maintient ses taux d'intérêt à des niveaux historiquement bas et effectue des rachats massifs d'actifs pour injecter de l'argent bon marché dans le système et ainsi stimuler prêts et investissements, et par ricochet redynamiser la machine économique européenne.

Mais en Allemagne, pays où l'épargne est encore souvent reine, les appels à un changement de politique de la BCE se sont amplifiés après les premiers signes d'accélération de l'inflation en décembre.

En réponse, le président de la BCE Mario Draghi a appelé mi-janvier à la patience, ne voyant pour l'heure pas de progrès "convaincants" sur le front de l'inflation. Cette analyse s'appuie surtout sur le fait que la remontée des prix à la consommation est avant tout celle des prix de l'énergie.

ENERGIE PLUS CHÈRE

Une tendance qui s'est confirmée en Allemagne en janvier. En effet, les prix de l'énergie, longtemps au plus bas du fait d'un pétrole particulièrement bon marché, ont grimpé de 5,8% sur le mois qui se termine. L'alimentation et les services se sont aussi renchéris, mais avec des progressions plus modestes de 3,2% et 1,2%.

Mais "le niveau (d'inflation) de base reste encore terne", estime Jennifer McKeown, de chez Capital Economics.

Quand Destatis dévoilera le 14 février le niveau définitif de l'inflation allemande pour janvier, il communiquera également ce qu'il serait sans tenir compte de l'énergie, un chiffre qui devrait être nettement inférieur à 2%. Economiste de Commerzbank, Marco Wagner table ainsi sur une inflation, hors énergie et alimentation, de seulement 1,3%.

"La BCE ne peut pas faire grand chose concernant une accélération de l'inflation presque exclusivement tirée par les prix de l'énergie et de l'alimentation", a analysé Carsten Brzeski, soulignant par ailleurs que même si l'inflation allemande venait à dépasser durablement les 2%, il ne s'agit là que d'un "pré-requis mathématique" pour que l'inflation de la zone euro s'approche elle-même de ce seuil. Et Mario Draghi ne perd jamais une occasion de rappeler que la BCE oeuvre pour la zone euro dans son ensemble et non pour un pays en particulier.

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