La plus ancienne banque au monde a révélé cette semaine qu'elle risquait d'accuser une perte de 720 millions d'euros sur des contrats de dérivés, en particulier les contrats "Alexandria", passé avec la banque japonaise Nomura, et "Santorini", noué avec Deutsche Bank.

La Banque d'Italie affirmait mercredi avoir reçu de la nouvelle direction de Monte dei Paschi des documents sur des dérivés qui lui avaient été jusqu'alors cachés.

Mais le quotidien Corriere della Sera s'appuie sur un rapport de la banque centrale rédigé après une inspection réalisée en 2010 -Mario Draghi était à l'époque gouverneur de la BoI- le passage cité faisant référence aux contrats Alexandria et Santorini et les juge insuffisamment contrôlés.

"Certains investissements à long terme ont des profils de risque insuffisamment contrôlés et qui n'ont pas été soumis à la direction administrative", peut-on lire dans le Corriere della Sera.

"En particulier, une liquidité abondante (1,8 milliard d'euros) a été investie dans deux opérations d'une valeur nominale de cinq milliards d'euros avec Nomura et Deutsche Bank à Londres".

Une porte-parole de la Banque d'Italie contactée vendredi n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat sur l'article du quotidien. Une autre contactée la veille s'était refusé à tout commentaire sur le sujet, déclarant qu'il était "de la responsabilité des autorités nationales".

En revanche le gouverneur de la Banque d'Italie Ignazio Visco a réagi depuis le Forum économique de Davos, en Suisse, rejetant toute idée d'une carence de la part de l'institut d'émission.

"Il est faux d'insinuer qu'il y a eu un manque de surveillance de la part de la Banque d'Italie", a-t-il dit à la chaîne de télévision CNBC, ajoutant que la BoI n'avait rien à cacher.

"Il est apparu que certaines opérations risquées, celles qui ont réduit la liquidité de la banque, étaient en fait liées à d'autres opérations générant des pertes dont nous n'avions pas connaissance", a par ailleurs déclaré le gouverneur de la Banque d'Italie à Bloomberg TV. "La stabilité de la banque n'est pas en question", a ajouté Ignazio Visco.

UN CAS ISOLÉ

La Banque d'Italie surveille le secteur bancaire mais elle n'est pas la police des banques, a rappelé Ignazio Visco, ajoutant que celle-ci collaborait activement à l'enquête qui s'est ouverte sur l'affaire des pertes sur dérivés mais qu'elle ne prendrait pas de mesure immédiate de son côté.

Le président du Conseil italien Mario Monti, s'exprimant sur une radio, a par ailleurs réclamé vendredi une enquête rigoureuse dans l'affaire et jugé que le système réglementaire européen devait être réexaminé.

Il a ajouté que les autres banques italiennes n'étaient pas affectées par les problèmes de Monte Paschi, la plus ancienne banque au monde, et ajouté que le gouvernement n'était pas responsable de la situation de la banque.

Le président du conseil d'administration de la banque a assuré vendredi que la situation était tout à fait maîtrisée.

"Je vous rappellerais que nous avons 31.000 salariés; nous avons une belle société de six millions de clients", a dit Alessandro Profumo à l'occasion d'une AGE des actionnaires.

Mario Monti a dit avoir toute confiance dans la Banque d'Italie pour traiter le dossier, comme l'avait fait la veille le président de la République, Giorgio Napolitano.

Jeudi, il avait rejeté les accusations de négligence portées à l'encontre des autorités de tutelle dans l'affaire et s'était dit prêt à convoquer le Parlement en session extraordinaire pour examiner le dossier.

A un mois tout juste des élections législatives italiennes, le chef du gouvernement a estimé que ses rivaux du Parti démocrate (centre-gauche), en tête dans les sondages, seraient touchés par le scandale en raison de leurs liens historiques avec la banque.

Des élus de droite et d'extrême gauche ont mis en cause les liens entre le Parti démocrate et la banque et reproché à Mario Monti d'avoir utilisé l'argent des contribuables pour la sauver.

En Bourse de Milan, l'action Monte Paschi gagnait plus de 10% à mi-journée, après avoir perdu près de 20% depuis le début de la semaine.

James Mackenzie et Silvia Aloisi; Agathe Machecourt pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat