* La France est "l'élément déclenchant", pas "permanent", dit Hollande

* Les effectifs militaires français au Mali seront portés à 2.500

* Le déploiement de la force de la Cédéao prendra "une bonne semaine" (Actualisé avec conférence de presse)

par Elizabeth Pineau

ABOU DHABI/DUBAI, Emirats arabes unis, 15 janvier (Reuters) - L a France quittera le Mali une fois la menace terroriste éradiquée et un processus électoral mis en oeuvre, a déclaré mardi François Hollande, au cinquième jour de l'opération armée dans l'ancienne colonie d'Afrique de l'Ouest.

Le chef de l'Etat, qui s'exprimait à l'occasion d'une visite aux Emirats arabes unis, a répété que l'armée française n'avait "pas vocation à rester au Mali", alors que des interrogations se font jour en France sur la durée de la mission Serval.

"Nous avons en revanche un objectif, c'est de faire en sorte que lorsque nous partirons, il y ait une sécurité au Mali, des autorités légitimes, un processus électoral et plus de terroristes qui menacent l'intégrité du Mali", a-t-il déclaré.

"Ce sont les Africains qui vont y contribuer et la France aura été l'élément déclenchant, l'élement décisif, mais pas l'élément permanent", a-t-il souligné.

Le président malien par intérim Dioncounda Traoré, qui a été investi en avril dernier après le départ d'Amadou Toumani Touré, a été chargé de la transition politique et de l'organisation des prochaines élections. Un accord avait été signé le 21 mai dernier qui prévoyait une période de transition politique d'un an. L'organisation d'élections devrait théoriquement prendre des mois.

C'est Dioncounda Traoré qui a envoyé une lettre au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, et à François Hollande afin de demander une aide militaire pour repousser l'offensive des groupes armés islamistes.

La France a d'ores et déjà déployé quelque 750 militaires sur le sol malien et devrait porter leur nombre à 2.500, selon le ministère de la Défense.

François Hollande a de nouveau expliqué mardi sa décision de s'engager dans ce conflit où aucune autre puissance occidentale ne compte pour l'instant la suivre. Il a assuré que son initiative n'était pas guidée par des considérations intérieures, alors que sa cote de popularité décline.

"J'ai fait en sorte que la France puisse être là où elle devait être et je ne me suis pas posé d'autres questions. Ni par rapport au moment, ni par rapport à l'opinion, ni par rapport à la circonstance intérieure", a-t-il dit.

"LES DÉTRUIRE"

"La seule question à laquelle j'ai répondu, c'est 'qu'est-ce que devait faire la France dans cet instant ?'", a-t-il ajouté, alors qu'une majorité de Français l'approuvent sur ce dossier.

Il a récusé l'idée que la France demeurerait "le gendarme de l'Afrique".

"La France ne peut venir que lorsqu'elle est appelée", a dit le président, qui a plaidé lors d'un récent voyage à Dakar pour la fin de la "Françafrique" héritée du colonialisme.

Le chef de l'Etat a également dit avoir pensé aux huit Français otages d'islamistes en Afrique, estimant que "la seule solution" était d'agir, "y compris pour leur libération".

"Ceux qui les ont capturés, détenus, doivent réfléchir. Il est encore temps de les rendre à leurs familles", a-t-il ajouté.

Un agent de la DGSE otage depuis plus de trois ans en Somalie, Denis Allex, a été tué par ses ravisseurs en fin de semaine dernière.

A la question de savoir quel sort il entendait réserver aux "terroristes", François Hollande a répondu : "Les détruire, les faire prisonniers si c'est possible, et faire en sorte qu'ils ne peuvent plus nuire à l'avenir".

"Ces terroristes, s'ils veulent ne plus terroriser, ils n'ont qu'à abandonner leurs armes et quitter le territoire malien car beaucoup sont extérieurs au Mali".

Dès son arrivée à Abou Dhabi, François Hollande a fait savoir que la France avait procédé à de nouvelles frappes aériennes au Mali et qu'elle poursuivrait le renforcement de son dispositif sur place jusqu'au déploiement de la force africaine, qui va prendre "une bonne semaine".

Exprimant sa volonté d'épargner la population civile, il a assuré que les frappes françaises étaient "parfaitement ciblées, au mètre près".

Interrogé sur la situation dans l'ouest du Mali, où les rebelles ont pris lundi la ville de Diabaly, François Hollande a répondu : "Les terroristes n'ont pas conquis cette ville mais se sont réfugiés dedans pour se protéger." (Edité par Sophie Louet)