BERLIN, 4 juin (Reuters) - Le rival social-démocrate d'Angela Merkel à la chancellerie allemande, Peer Steinbrück, a reproché à son adversaire sa vision "unidimensionelle" de la crise de la zone euro et son manque d'initiative sur la scène mondiale.

Peer Steinbrück, largement distancé par sa rivale dans les sondages à l'approche des élections législatives du 22 septembre, a critiqué dans un discours de politique étrangère la politique d'austérité imposée selon lui par le gouvernement allemand aux pays européens en difficulté financière.

"Le contenu et le style de gestion de crise de ce gouvernement, et Frau Merkel elle-même, ont semé le doute en Europe sur la fiabilité de la solidarité allemande", a-t-il déclaré.

L'accent mis sur l'austérité a entraîné certains pays dans "une spirale mortelle" et créé un chomage endémique chez les jeunes un peu partout en Europe, a-t-il dit.

Les pressions exercées par la chancelière pour obtenir des réformes structurelles de la part de pays lourdement endettés comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et Chypre, en échange d'une aide financière, ont fait de la chancelière une personnalité particulièrement impopulaire dans ces pays.

Des manifestants arborent souvent des pancartes la montrant en uniforme nazi, quelquefois affublée d'une moustache à la Hitler.

"Avez-vous une idée de ce qui se passerait si l'Allemagne devait faire chaque année des économies de l'ordre de cinq pour cent?", a demandé le dirigeant social-démocrate lors de son intervention à l'Université libre de Berlin.

"Vous ne seriez pas là, vous seriez dehors dans la rue. C'est pourtant ce que nous infligeons à ces pays", a-t-il dit.

Peer Steinbrück a repris à son compte l'idée d'un "plan Marshall" européen pour favoriser la compétitivité des entreprises du Vieux continent.

Un investissement de dix milliards d'euros pour créer en Europe un demi-million d'emplois pour les jeunes ne serait qu'une infime partie des 700 milliards d'euros consacrés par l'Union européenne au sauvetage de ses banques, a-t-il souligné.

Sur le plan diplomatique, Peer Steinbrück a estimé que l'Allemagne "ne devrait pas revendiquer le leadership en Europe" tout en reprochant au gouvernement conservateur de ne pas répondre aux appels du pied des Etats-Unis et de la Pologne, qui souhaitent voir Berlin être plus entreprenante sur la scène internationale. (Stephen Brown, Pascal Liétout pour le service français)