PARIS, 15 janvier (Reuters) - Les Bourses européennes ont achevé en nette
hausse jeudi une séance marquée par la décision inattendue de la Banque
nationale suisse (BNS) d'abandonner le cours plancher du franc suisse face à
l'euro.
    Cette annonce surprise a provoqué un choc sur les marchés, faisant bondir le
franc et chuter les actions helvétiques. Elle a en revanche permis aux autres
grandes places européennes de bénéficier d'un rebond favorisé par la baisse de
l'euro, la hausse des secteurs des matières premières et de l'énergie ou encore
les ventes solides de la chaîne d'habillement H&M (+1,41%) et de
Beiersdorf (+5,6%), le propriétaire allemand de la marque Nivea. 
    À Paris, le CAC 40 a terminé sur un gain de 2,37% (+99,96 points) à
4.323,20 points. Le Footsie britannique a pris 1,73% et le Dax allemand
 2,2% tandis que l'indice EuroStoxx 50 progressait de 2,19%
et le FTSEurofirst 300 de 2,62%.
    La BNS a annoncé dans la matinée renoncer à défendre le plancher de 1,20
franc pour un euro en vigueur depuis 2011 et elle a abaissé ses principaux taux,
déjà négatifs. 
    Ses décisions ont suscité des réactions spectaculaires sur les marchés, le
franc suisse gagnant jusqu'à 30% face à l'euro tandis que le marché actions
suisse chutait de 8,67%.
    Parmi les grandes valeurs helvétiques, les banques UBS et Credit
Suisse ont cédé respectivement 11,74% et 11%, le géant de la pharmacie
Roche 8,62%, Swatch 16,35% et le groupe de luxe Richemont
 15,5%.
    Sur le marché des changes, l'euro accusait une baisse de 13,2% face au franc
suisse à 1,0380 et de 1,7% face au dollar, à 1,1604, vers
17h00 GMT.
    Les responsables de la stratégie devises de Morgan Stanley estiment dans une
note que la décision de la BNS a très probablement été prise en anticipation
d'un programme de rachats d'actifs (QE) que la BCE devrait annoncer jeudi
prochain à l'issue de son conseil.
    Pour Benoît Anne, responsable de la stratégie marchés émergents à la Société
générale, "le franc suisse était la dernière devise défensive. Chaque fois
qu'elle monte c'est un signal négatif pour le risque".
    L'or, valeur refuge par excellence, affiche un gain de 2,5%. 
    Au moment de la clôture européenne, Wall Street était en légère baisse mais
semblait toujours chercher une tendance après un début de séance en dents de
scie. Les valeurs bancaires américaines sont mal orientées après les résultats
trimestriels de Bank of America (-3,3%) et de Citigroup (-2,4%). 
    Le marché obligataire a lui aussi réagi à la décision de la BNS : tandis que
les rendements des titres suisses s'enfonçaient en territoire négatif pour les
maturités allant jusqu'à sept ans, les emprunts d'Etat belges et français ont
accusé le coup et leurs rendements sont remontés.
    L'abandon du plancher du franc signifie en effet que la BNS achètera moins
d'obligations de la zone euro et la France et la Belgique étaient considérés
comme ses cibles favorites. 
    Le mouvement est toutefois compensé en partie par l'anticipation du
lancement d'un QE par la Banque centrale européenne (BCE). 
    La BNS a pour une fois relégué au second plan la baisse des cours du
pétrole, qui se poursuit néanmoins: le Brent se traite à moins de 48,60 dollars
le baril, le brut léger américain sous 48 dollars. 
    * Tableau des principaux marchés mondiaux : 

 (Marc Angrand et Raoul Sachs)