Certains décideurs de BCE ont évoqué la possibilité d'augmenter les taux d'intérêt avant la fin du programme d'achats d'actifs mis en place par l'institut d'émission, ont dit vendredi des sources à Reuters. La discussion a été brève et la proposition n'a pas reçu beaucoup de soutien, ont-elles précisé.

L'annonce de cette discussion, qui aurait eu lieu, selon l'agence Bloomberg, qui en a fait état la première, lors du conseil des gouverneurs de jeudi, n'en a pas moins fait grimper l'euro à un pic de trois semaines face au billet vert (1,067 dollar, +0,9%) et fait progresser les rendements des obligations d'Etat allemandes.

Les indices boursiers européens, qui avaient peu réagi à l'annonce de chiffres mensuels de l'emploi meilleurs que prévu aux Etats-Unis, ont réduit leurs gains, le Dax allemand passant même dans le rouge.

La BCE a laissé jeudi sa politique monétaire inchangée mais son président, Mario Draghi, a utilisé une tonalité un peu moins accommodante que précédemment au cours de sa traditionnelle conférence de presse.

A Paris, le CAC 40 a finalement gagné 0,24% (11,81 points) à 4.993,32 après avoir repassé en séance la barre des 5.000 points. À Francfort, le Dax a cédé 0,13% et à Londres, le FTSE a progressé de 0,38%.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro a pris 0,19%, le FTSEurofirst 300 0,06%, et le Stoxx 600 0,07%.

La plus forte hausse sectorielle est pour les valeurs pétrolières et gazières (+1,1%), soutenues par les cours du brut, qui ont pris jusqu'à plus de 1% avant de se retourner à la baisse.

Les banques (+0,77%), qui se réjouissent de l'imminence d'une hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis, ont porté les indices, de même que les télécoms (+0,66%), soutenues par un bond de 3,7% de l'opérateur britannique BT.

Aux valeurs, les trois plus fortes hausse du CAC sont pour des banques : Société générale (+2,13%), Crédit agricole (+2,02%) et BNP Paribas (+1,76%).

Le compartiment des télécoms a été dopé par le bond de BT, qui a accepté de se séparer juridiquement de sa division de réseaux Openreach. Cette décision met fin à un conflit de deux ans avec le régulateur britannique des télécommunications sur la manière dont le réseau national à haut débit doit être géré.

A l'heure de la clôture en Europe, Wall Street évolue en hausse modérée après avoir pris connaissance de bons chiffres de l'emploi qui confirment que l'économie américaine est suffisamment solide pour absorber un nouveau resserrement monétaire.

Le département du Travail a fait état de 235.000 emplois non-agricoles créés le mois dernier alors que les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un chiffre de 190.000.

Rien ne paraît plus s'opposer à ce que la Réserve fédérale annonce mercredi prochain qu'elle relève ses taux pour la première fois de l'année, une perspective déjà clairement évoquée par la présidente de la Fed, Janet Yellen, et plusieurs autres responsables de l'institut d'émission.

Les chiffres de l'emploi ont fait passer la probabilité d'un relèvement de taux à l'issue de la réunion de politique monétaire de la Fed des 14 et 15 mars de 91% à 93%, selon le sondage FedWatch réalisé par CME Group.

Des économistes interrogés cette semaine par Reuters pensent que la Fed procèdera cette année à deux nouvelles hausses de taux après celle attendue pour mercredi.

(Patrick Vignal, édité par Juliette Rouillon)