(Actualisé avec manifestations, précisions tout du long)

par Eyanir Chinea et Jorge Silva

CARACAS, 18 février (Reuters) - Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus mardi dans les rues de Caracas après l'arrestation de Leopoldo Lopez, un chef de file de l'opposition au Venezuela, accusé de provoquer des troubles responsables de la mort de quatre personnes.

Vêtus de blanc, ces manifestants ont bloqué la circulation tandis qu'un véhicule des forces de l'ordre à l'intérieur duquel se trouvait Leopoldo Lopez tentait d'avancer très lentement.

Economiste formé à Harvard, Leopoldo Lopez s'est rendu aux autorités après avoir prononcé un discours lors d'une nouvelle manifestation à Caracas contre le président socialiste Nicolas Maduro.

"Je n'ai rien à cacher", a dit cet opposant de 42 ans, recherché pour meurtre et "terrorisme". "Je m'en remets à un système judiciaire injuste (...) Puisse mon emprisonnement réveiller le peuple."

Quelques minutes plus tard, poing serré, il se rendait à l'armée et montait à bord d'un véhicule militaire, un drapeau vénézuélien dans une main, une fleur blanche dans l'autre.

De l'intérieur du véhicule, il a demandé aux manifestants de libérer le passage afin que les autorités puissent l'emmener en détention. Tandis que ses partisans scandaient "Leopoldo, le peuple est avec toi", il a été transféré dans une camionnette noire puis emmené.

Ses partisans l'ont suivi sur plusieurs kilomètres jusqu'à la base aérienne de La Carlota dans l'est de Caracas. La police avait bloqué l'accès à de nombreuses avenues sur le trajet pour tenter de maîtriser la foule.

Des manifestants sont restés massés aux abords de la base aérienne et ailleurs.

MANIFESTATION PRO-MADURO

La ministre de l'Information, Delcy Rodriguez, a annoncé via Twitter qu'un ouvrier du textile avait été tué par balles mardi à Caracas par des "groupes violents" désireux de commettre un coup d'Etat planifié par les Etats-Unis. Les autorités n'ont pas répondu dans l'immédiat aux demandes de précisions sur ces accusations.

Des habitants de la ville de Carupano, sur la côte Nord-Est, ont rapporté qu'un étudiant de 17 ans était décédé après avoir été percuté par une voiture lors d'une manifestation contre le gouvernement.

Ces décès s'ajouteraient aux trois morts, tués par balles, de mercredi dernier à Caracas quand un défilé contre Nicolas Maduro s'est achevé à quelques rues d'un rassemblement en faveur du chef de l'Etat, ce qui a donné lieu à des heurts.

A l'initiative des étudiants, les manifestations se sont multipliées depuis le début du mois à travers le Venezuela.

Les protestataires réclament la démission de Nicolas Maduro, élu d'une courte tête en avril 2013 après la mort de son mentor Hugo Chavez, et se plaignent de l'inflation, des pénuries, de la violence et de la corruption.

Les manifestations étaient assez peu fournies jusqu'à présent mais cela a changé mardi avec l'arrestation de Leopoldo Lopez.

Des milliers d'employés du secteur pétrolier et de partisans de Nicolas Maduro ont manifesté de leur côté mardi à Caracas.

Le président vénézuélien a annoncé dimanche avoir ordonné l'expulsion de trois agents consulaires américains qu'il a accusés de conspirer contre son gouvernement. (Avec Andrew Cawthorne, Jaczo Gomez, Deisy Buitrago, Carlos Rawlins et Daniel Wallis; Julien Dury et Bertrand Boucey pour le service français)