(Actualisé avec citations, précisions)

par Khaled Yacoub Oweis et Stephanie Nebehay

GENEVE, 30 janvier (Reuters) - Les parties aux négociations de paix sur la Syrie présentes à Genève ont observé ensemble une minute de silence jeudi en mémoire des victimes du conflit, mais à la veille de la fin des négociations, les pourparlers n'ont toujours rien donné.

Les deux délégations syriennes, représentant le pouvoir et l'opposition en exil, ont accepté mercredi de se référer au même document comme base de discussions - la déclaration de juin 2012 dite de Genève I qui organise la transition - sans toutefois s'accorder sur le déroulement des négociations.

Et l'émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a dit ne pas s'attendre à des progrès substantiels lors de cette première série de négociations qui a commencé officiellement vendredi dernier à Genève après un prologue deux jours auparavant à Montreux, et doit s'achever vendredi.

Il espère toutefois que la deuxième série de pourparlers, qui doit démarrer aux alentours du 10 février, sera plus fructueuse.

Jeudi, le délégué de l'opposition Ahmad Djakal a expliqué que le chef de sa délégation, Hadi al Bahra, avait proposé une minute de silence et que toute le monde s'était levé, y compris les membres de la délégation représentant le gouvernement syrien et ceux de l'équipe Lakhdar Brahimi.

"Tout le monde s'est levé pour les âmes des martyrs. C'était bien, d'un point de vue symbolique", a déclaré Ahmad Djakal.

Mais les deux parties en sont vite revenues à leur différend. La délégation du gouvernement syrien a accusé l'opposition de soutenir le terrorisme pour avoir refusé de signer une résolution s'y opposant.

Damas qualifie de terroristes tous ceux qui luttent par les armes pour renverser le président syrien Bachar al Assad alors que les pays occidentaux ne qualifient de terroristes que certains groupes combattant le régime syrien. C'est notamment le cas de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).

"Nous avons proposé que les deux parties puissent se mettre d'accord sur l'importance de lutter contre la violence et le terrorisme. L'autre côté a rejeté cette proposition parce qu'ils sont impliqués dans le problème du terrorisme", a déclaré le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad.

COMMUNIQUE A SENS UNIQUE

Les délégués de l'opposition ont rétorqué que la déclaration proposée par les représentants de Damas ne tenait pas compte des étrangers venus d'Iran, d'Irak ou issus du Hezbollah libanais venus en Syrie pour combattre aux côtés des forces fidèles au président Bachar al Assad.

"Aujourd'hui, le régime a publié un communiqué à sens unique. Il confond l'EIIL avec les Syriens qui ont pris les armes et ont défendu leurs familles", a déclaré le porte-parole de l'opposition, Louay al Safi.

Il a accusé les forces syriennes de larguer des "barils d'explosifs" sur les grandes villes du pays, notamment sur Damas et Alep.

"Le régime fait du théâtre. Il veut donner l'impression de vouloir une solution politique, mais la situation sur le terrain reflète son intention. Nous voulons des actes", a déclaré Louay al Safi.

Sinon, l'opposition veut toujours commencer les discussions par l'organe gouvernemental de transition - ce qui implique dit-elle, le départ d'Assad - tandis que les représentants de Bachar al Assad estiment que la première étape doit être de discuter du "terrorisme".

Etats-Unis et Russie, qui parrainent Genève II, continuent à prodiguer des conseils aux délégations qu'ils soutiennent. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, l'une des figures syriennes les plus influentes présentes à Genève, était en réunion avec des responsables russes en fin d'après-midi, a-t-on indiqué de source diplomatique.

Concernant le volet humanitaire des discussions, sur lequel les délégations pensaient au départ pouvoir aboutir assez rapidement, il n'y a toujours pas eu de progrès des discussions.

Un convoi des Nations unies attend toujours l'autorisation d'entrer dans la vieille ville de Homs, tenue par la rebelles et où les civils sont en train de mourir de faim. (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Henri-Pierre André)