Fabrizio Viola, nommé administrateur délégué en 2012 après la mise à l'écart de l'ancienne direction de la banque, a expliqué que la banque avait monté avant son arrivée des opérations de refinancement complexes pour dissimuler des pertes, l'exposant dangereusement aux fluctuations des taux d'intérêt.

"Nous avons aujourd'hui la certitude que des erreurs ont été commises; qu'elles l'aient été par négligence ou de manière délibérée, voilà ce qu'il faudra éclaircir", a-t-il dit à des journalistes.

La banque fondée en 1472 accumule les problèmes depuis le rachat de Banca Antonveneta pour neuf milliards d'euros en 2007, juste avant la crise financière mondiale.

Une source au fait de l'enquête judiciaire a dit à Reuters que le parquet examinait la possibilité de pots-de-vin lors de cette opération. Les magistrats enquêtent également sur des opérations de dérivés faites par la banque.

"Nous avons trouvé des contrats financiers qui, (...) dès le départ, étaient comptabilisés de manière incorrecte. Ces contrats ont sans doute été mis en place pour étaler dans le temps l'impact des pertes subies à ce moment-là, peut-être aussi par le biais d'autres opérations financières", a ajouté Fabrizio Viola.

La banque a révélé la semaine dernière des pertes susceptibles d'atteindre 720 millions d'euros liées en particulier à des opérations sur dérivés réalisées de 2006 à 2009.

Fabrizio Viola a dit qu'un document essentiel liant deux des transactions financières en question avait été dissimulé dans un coffre au siège de la banque et donc caché aux yeux des autorités jusqu'à ce que lui-même le découvre en octobre.

PAS PLUS DE 3,9 MILLIARDS D'EUROS D'AIDES PUBLIQUES

La banque, dont la note de crédit est en catégorie "junk" (spéculative), a dû solliciter une aide publique l'an passé, n'ayant pu remplir ses obligations en matière de fonds propres.

Fabrizio Viola a assuré que Monte Paschi s'en tiendrait à l'aide de 3,9 milliards d'euros approuvée samedi par la Banque d'Italie.

Cette aide, constituée d'obligations à émettre d'ici la fin février, doit couvrir les besoins de financement immédiats de la banque.

L'association italienne de défense des consommateurs Codacons a annoncé lundi qu'elle saisirait les tribunaux pour bloquer cette aide, précisant qu'elle réclamerait à la Banque d'Italie un dédommagement pour avoir failli dans sa mission de surveillance.

Le président du Conseil, Mario Monti, a toutefois renouvelé sa confiance envers la banque centrale, "à ceux qui la dirigent et à ceux qui l'ont dirigée". Une référence implicite à Mario Draghi, l'actuel président de la Banque centrale européenne (BCE), gouverneur de la Banque d'Italie de 2006 à 2011.

Le président de Monte Paschi, Alessandro Profumo, a déclaré dimanche à la presse que la banque recherchait un investisseur de long terme, avec l'assentiment de Mario Monti.

Le ministre de l'Economie, Vittorio Grilli, doit s'adresser mardi à la commission des Finances du parlement pour évoquer cette affaire, particulièrement embarrassante pour le gouvernement à moins d'un mois d'élections législatives.

La Commission de stabilité financière, composée de représentants du gouvernement, de la Banque d'Italie et des régulateurs, doit également se réunir mardi.

A la Bourse de Milan, l'action Monte Paschi a gagné 0,65% à 0,2615 euro. Elle avait chuté de 20% en début de semaine dernière avant de rebondir vendredi.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand

par Silvia Aloisi et Lisa Jucca