(Actualisé avec tirs à Kidal, 3e paragraphe)

par Tim Cocks

BAMAKO, 29 juillet (Reuters) - Les Maliens ont voté dimanche pour une élection présidentielle qui consistait essentiellement en un duel entre le chef de l'Etat sortant, Ibrahim Boubacar Keita, dit "IBK", et un ex-ministre des Finances, Soumaïla Cissé, a priori le seul candidat en mesure de le battre.

Ce scrutin s'est déroulé sur fond de recrudescence des violences ethniques et islamistes à travers le pays ces derniers mois. Les bureaux de vote qui ont ouvert leurs portes à 08h00 GMT, ont fermé à 18h00 GMT pour les huit millions d'électeurs inscrits.

Durant le scrutin, les seules violences notables ont été signalées du côté de Kidal, dans le nord du pays, où sont tombés dix obus de mortier, dont l'un a explosé près d'un bureau de vote. Les tirs, qui n'ont pas fait de victimes, ont visé entre autres la base de la Minusma, la Mission des Nations unies au Mali. Ils n'ont pas été revendiqués pour le moment.

"IBK", âgé de 73 ans, était opposé à plus de 20 candidats et espère remporter un second mandat de cinq ans. Tout comme Soumaïla Cissé, qu'il avait battu au second tour de la présidentielle de 2013, il appartient à l'élite politique du pays.

Cissé et Keita ont tenu l'un comme l'autre leurs derniers meetings de campagne vendredi soir devant des milliers de personnes.

"Il reste beaucoup à faire. C'est pour cette raison que je demande aux Maliens de me confier un nouveau mandat, et non parce que je serais assoiffé de pouvoir", a déclaré le président Keita lors d'un rassemblement dans un quartier huppé des bords du Niger, à Bamako.

"Partout, j'ai constaté un désir de changement. Les Maliens ne veulent plus de ce régime", a dit à ses partisans Soumaïla Cissé, au siège de son parti.

Il s'est ensuite rendu à Niafunke, une localité proche de Tombouctou, pour y voter et il y a redit craindre que le scrutin soit truqué par le pouvoir en place.

"Chaque Malien et chaque Malienne doit par ailleurs être vigilant face aux tentatives de fraudes électorales (...) Ce scrutin présidentiel historique ne peut être confisqué".

RECRUDESCENCE DES ATTAQUES

Tous les candidats ont promis d'en finir avec le déclin de leur pays et de lutter contre la pauvreté. Sur l'indice de développement humain (IDH) établi par les Nations unies, le Mali se classait 175e sur 188 pays en 2017, bien qu'il soit le troisième exportateur d'or d'Afrique et un important producteur de coton.

Sur un panneau électoral de la capitale Bamako, on pouvait voir ces jours-ci Keita, en tenue blanche, appelant les Maliens à "consolider la paix".

Depuis qu'il est arrivé au pouvoir, pourtant, la violence s'est aggravée dans le pays. Pour le premier semestre de cette année, le site internet de la société civile Malilink fait état de 932 attaques, soit près du double du total de 2017 et le triple du nombre global pour 2015.

La situation dans la ville de Tombouctou, dans le nord, demeure instable. Cette semaine, des affrontements y ont éclaté mercredi et jeudi entre communautés arabe, touarègue et noire. Les violences islamistes se sont d'autre part étendues au centre du pays, où des intégristes s'en sont pris à la force sahélienne du G5.

L'Onu s'est montré néanmoins optimiste. "Le Mali a fait la preuve, au fil des années, de sa capacité à organiser des élections crédibles et pacifiques", avait dit à Reuters, avant le scrutin, Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel. (Eric Faye pour le service français)