(Actualisé avec étendue des manifestations)

KHARTOUM, 29 décembre (Reuters) - Les forces de sécurité soudanaises ont tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser des manifestants dans la capitale Khartoum et d'autres villes du pays, vendredi, au dixième jour de rassemblements antigouvernementaux.

Neuf dirigeants et militants de l'opposition ont été arrêtés à travers le pays, a rapporté un comité formé par des organisations professionnelles impliquées dans le mouvement.

Le Service national de renseignements et de sécurité dit tout ignorer des ces interpellations.

Un journaliste de Reuters a constaté vendredi que les forces de sécurité soudanaises ont tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes pour disperser 300 à 400 manifestants qui sortaient d'une mosquée à Omdurman, près de la capitale Khartoum.

Les organisations d'opposition avaient appelé à des manifestations antigouvernementales pour ce vendredi, à la suite des grandes prières hebdomadaires dans les mosquées.

Les manifestations contre la hausse des prix qui ont débuté il y a une semaine se sont muées depuis lors en un mouvement de contestation du régime du président Omar Hassan al Bachir, au pouvoir depuis 1989. Dix-neuf personnes, dont deux militaires, ont été tuées au cours des ces rassemblements, selon le bilan officiel. L'ONG Amnesty International a parlé mardi d'au moins 37 morts.

D'après le comité, les arrestations ont eu lieu lors d'une réunion de dirigeants de l'opposition à Khartoum. Parmi les personnes interpellées figurent Siddiq Youssef, membre de la direction du Parti communiste, ainsi que des dirigeants des partis Baas et nassériste, précise-t-il.

Samedi dernier, 14 dirigeants de l'une des deux principales alliances de l'opposition avaient été interpellés, avant d'être relâchés neuf heures plus tard.

Le pays est en proie à une crise économique profonde qui a débuté en 2011, après le référendum en faveur d'une sécession de la partie sud. L'accession du Soudan du Sud à l'indépendance a retiré à Khartoum les trois quarts de ses revenus pétroliers.

L'opposition accuse en outre le président Omar Hassan al Bachir de mauvaise gestion. La forte dévaluation de la livre soudanaise, en octobre, n'a pas permis de relancer l'économie.

En janvier dernier, le Soudan avait été ébranlé par des manifestations déclenchées par la hausse du prix du pain.

Mais les manifestations actuelles, qui ont commencé le 19 décembre, semblent procéder d'un mouvement plus profond. Les autorités ont fermé les écoles et déclaré le couvre-feu et l'état d'urgence dans plusieurs régions. Selon des habitants, les policiers ont eu recours aux gaz lacrymogènes et, parfois, ont tiré à balles réelles contre des manifestants.

Le ministre de l'Information, qui a fait état jeudi d'un bilan de 19 tués, a imputé certains décès à des bagarres entre boutiquiers et pillards. Selon lui, 219 civils et 187 membres des forces de sécurité ont également été blessés. (Sami Aboudi et Youssef Saba; Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)