A peine remis en ordre de marche, Air France-KLM doit traverser de nouvelles turbulences. Ainsi, le titre du groupe aérien chute de 11,12% à 11,31 euros, après l’entrée surprise de l’Etat néerlandais à son capital. Les Pays-Bas ont pris 12,68% du capital pour 680 millions d’euros et annoncé leur intention de porter leur participation au niveau de celle de l’Etat français, qui est légèrement supérieure à 14%.

L'Etat néerlandais souhaite ainsi pouvoir influencer la gestion du groupe de transport aérien. " A plusieurs reprises ces dernières années, les intérêts néerlandais n'ont pas été suffisamment pris en compte dans les décisions concernant l'entreprise dans son ensemble ", a expliqué Wopke Hoekstra, le ministre néerlandais des Finances, dans une lettre adressée au Parlement citée par Reuters.

Cette opération suscite des inquiétudes concernant l'émergence de futurs conflits politiques qui pourraient perturber la réorganisation en cours du groupe aérien.

Elle a d'ailleurs engendré un certain nombre de réactions. Tout d'abord, le Conseil d'administration d'Air France-KLM a indiqué qu'il sera " très vigilant sur les conséquences de cette prise de participation " et qu'il " fera en sorte que celle-ci n'affecte pas la nouvelle dynamique du groupe ".

Les politiques se sont également saisis du dossier. " Je prends acte de cette prise de participation (…) qui s'est faite sans information du conseil d'administration ni du gouvernement français ", a déclaré Bruno Le Maire, dans les Echos.

" Il est essentiel de respecter les principes de bonne gouvernance et qu'Air France-KLM soit géré dans l'esprit de son intérêt social sans interférence étatique nationale ", a ajouté le ministre français de l'Economie.

Il devra d'ailleurs rencontrer son homologue néerlandais en fin de semaine. Nul doute qu'il demandera des clarifications sur ce coup de force. " Une discussion franche et amicale, mais franche ", selon les mots de Benjamin Griveaux, le porte parole du gouvernement.

Cette intervention de l'Etat néerlandais intervient après les tensions rapportées par la presse, ces dernières semaines, entre Pieter Elbers ( président du directoire de KLM) et Benjamin Smith ( nouveau directeur général d'Air France-KLM).

Si la direction d'Air France-KLM s'est interrogée un moment sur l'opportunité de reconduire Pieter Elbers dans ses fonctions, un compromis avait finalement été trouvé.

Au final, Pieters Elbers avait soutenu le plan de réorganisation porté par Ben Smith, prévoyant notamment des synergies plus poussées entre Air France et KLM. Par ailleurs, Ben Smith entrera finalement au conseil de KLM. Quant à Pieter Elbers, il sera maintenu à son poste de président du directoire de KLM en avril prochain.