Air France-KLM : compte désormais deux Etats à son capital
Le 27 février 2019 à 16:31
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Voilà une réaction boursière a priori paradoxale : depuis hier, Air France-KLM compte un actionnaire significatif supplémentaire mais à l'annonce de cette nouvelle, l'action dérape de 10% à la Bourse de Paris, effaçant ainsi près de 600 millions d'euros de capitalisation. En effet, cet actionnaire impromptu est l'Etat néerlandais, et il est bien décidé à faire pièce... à l'Etat français.
Hier soir, le gouvernement néerlandais a révélé que depuis le 20 février, il a constitué une participation représentant 12,7% du capital d'Air France-KLM, et qu'il n'en avait pas terminé : 'l'objectif est d'atteindre une position similaire à celle de l'Etat français', qui aux dernières nouvelles détenait 14,3% et était le premier actionnaire - devant les compagnies aériennes Delta Airlines et China Eastern Airlines, avec 8,8% chacune. En clair, le part des titres Air France-KLM dispersée dans le public devrait revenir rapidement de 63,9% à moins de 50%.
Comment expliquer que cet intérêt accru pour les actions Air France-KLM provoque leur chute ? En raison d'intentions que les autorités de La Haye ne cachent pas le moins du monde : 'grâce à sa participation, le gouvernement néerlandais souhaite être en mesure d'exercer une influence directe sur les développements futurs de la compagnie Air France-KLM afin de garantir au mieux les intérêts' nationaux.
Ce qui sonne un peu comme une déclaration de guerre, ou à tout le moins une contestation du rôle indéniable joué au sein du transporteur aérien franco-néerlandais par la France. 'On imagine la surprise à Paris, d'autant que cette intervention étatique ne colle pas franchement avec la culture libérale hollandaise', commente d'ailleurs Aurel BGC, qui ajoute : 'cette irruption au capital montre surtout la défiance persistante entre la France et les Pays-Bas'. Bref, ces deux actionnaires étatiques risquent de tirer Air France-KLM dans des directions différentes, voir de s'opposer sur la désignation du management.
Point intéressant, dès son troisième paragraphe, le communiqué du gouvernement des Pays-Bas indique : 'l'importance de l'aéroport (amstellodamois) de Schiphol et de son principal utilisateur, KLM, revêt une grande importance pour l'économie et l'emploi néerlandais. Des milliers d'emplois sont directement et indirectement liés à l'aéroport et au réseau intercontinental de KLM. Ce réseau fait également partie des raisons qui poussent les entreprises étrangères à s'établir aux Pays-Bas.' Or dernièrement, d'importantes décisions concernant KLM ont été prises au niveau d'Air France-KLM, ajoute le gouvernement néerlandais. Ce dernier redouterait-il qu'Air France-KLM privilégie ses 'hubs' parisiens au détriment de Schiphol ?
Ce qui permet de rappeler que les Etats français et néerlandais sont tous deux présents (plus ou moins directement) au capital d'une autre entreprise du transport aérien : l'opérateur aéroportuaire historique néerlandais (non coté en Bourse) Schiphol Group. Contrôlé par l'Etat néerlandais, Schiphol Group détient 8% d'Aéroports de Paris (ADP ; soit autant que Vinci) et en retour, ADP possède également 8% de Schiphol Group.
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Air France-KLM figure parmi les 1ères compagnies aériennes mondiales. Le CA par activité se répartit comme suit :
- transport de passagers et de fret (85,4%) : 72,1 millions de personnes et 0,9 Mt de marchandises transportées en 2023 ;
- transport de passagers à bas prix (8,8% ; Transavia) : 21,5 millions de personnes transportées ;
- prestations de maintenance (5,7%) ;
- autres (0,1%).
A fin 2023, le groupe dispose d'une flotte de 551 avions (dont 271 détenus en propre et 280 en location) répartis entre les flottes nationales Air France (258), KLM (176) et Transavia (117).