Les régulateurs américains ont ouvert la voie vendredi à un renforcement de la surveillance des gestionnaires d'actifs, des fonds spéculatifs et d'autres établissements non bancaires qui, selon eux, présentent des risques pour le système financier, relançant ainsi un nouveau régime sévère qui avait été mis sur la touche sous l'ancien président Donald Trump.

Le Conseil de surveillance de la stabilité financière (FSOC), dirigé par le département du Trésor et comprenant d'autres agences importantes, a également adopté un nouveau cadre pour l'identification des risques imminents dans le système financier, dans un effort pour rendre le travail du conseil plus transparent.

Ces deux modifications du processus de désignation d'une institution non bancaire comme "institution financière d'importance systémique" (SIFI) ont été proposées en avril.

Le vote de vendredi intervient dans un contexte où les autorités réglementaires s'inquiètent de plus en plus de la migration d'activités financières, notamment de prêts, vers le secteur non bancaire, où elles ont moins de visibilité.

Bien que le FSOC n'ait pas nommé de SIFI non bancaires potentiels, on s'attend à ce qu'il se concentre sur les principaux gestionnaires d'actifs et fonds spéculatifs mondiaux, tels que BlackRock et Bridgewater, en les soumettant potentiellement à la surveillance de la Réserve fédérale américaine et à des exigences accrues en matière de capital et de liquidités. BlackRock et Bridgewater n'ont pas fait de commentaire dans l'immédiat.

Le vote de vendredi a renversé une politique de l'administration Trump selon laquelle les régulateurs devraient surveiller les activités à risque plutôt que de pointer du doigt des entreprises individuelles. Dans une déclaration faite vendredi, la secrétaire d'État au Trésor, Janet Yellen, a indiqué que cette approche était fondée sur "une vision erronée de la manière dont les risques financiers se développent et se propagent", tout en soulignant que la désignation des entreprises n'était qu'un des nombreux outils que le groupe pouvait utiliser.

Dans le cadre de la nouvelle procédure, le FSOC identifiera les SIFI potentiels sur la base des informations existantes et donnera à l'entreprise la possibilité de répondre. Si le FSOC décide de poursuivre, l'entreprise discutera alors de la question avec son principal régulateur et le FSOC. Elle ne sera désignée que si les deux tiers des dix membres du FSOC votent en sa faveur. Les désignations seront réexaminées chaque année.

La nouvelle procédure a suscité les critiques d'Eric Pan, directeur de l'Investment Company Institute, qui représente les gestionnaires d'actifs mondiaux.

"La désignation SIFI est un outil brutal qui met l'accent sur des entreprises individuelles plutôt que sur une évaluation globale des risques", a-t-il déclaré dans un communiqué. (Reportage de Pete Schroeder et Carolina Mandl, édition de Chris Reese et Michelle Price)