(Complété trois derniers paragraphes)

par Ian Simpson

WASHINGTON, 19 avril (Reuters) - Les suspects dans le double attentat de Boston, les frères Djokhar et Tamerlan Tsarnaev, originaires de Tchétchénie, ont passé la plus grande partie de leur vie hors de cette république caucasienne et vivaient depuis plusieurs années aux Etats-Unis, où rien ne pouvait laisser croire qu'ils étaient des extrémistes.

Tamerlan, 26 ans, un ancien boxeur amateur, a été tué jeudi soir dans un affrontement avec les forces de l'ordre. Djokhar, 19 ans, est en fuite. (voir )

Sur sa page du réseau social russophone VK, Djokhar précise qu'il a été à l'école primaire à Makhatchkala, capitale du Daghestan, une république russe voisine de la Tchétchénie.

Dans la rubrique "vision du monde", il écrit: "islam", tout en définissant "carrière et argent" comme sa "priorité personnelle". (voir )

Diplômé en 2011 de la Cambridge Rindge & Latin School, un établissement situé près de l'Université d'Harvard, il s'était inscrit à l'University of Massachusetts Dartmouth.

Un camarade de cours, Eric Machado, a déclaré sur CNN que rien dans le comportement de Djokhar ne semblait suspect. "On faisait la fête, on se lâchait, nous étions de bons camarades."

Un jour, poursuit Eric Machado, il a parlé du terrorisme mais "rien ne pouvait nous laisser croire qu'il était capable d'une chose pareille".

Un autre camarade d'études, interrogé par la chaîne de télévision de Boston WBZ, le présente même comme le "pitre de la classe".

Pourtant, la page de Djokhar sur le réseau VK renvoie à des sites internet islamiques et à d'autres prônant l'indépendance de la Tchétchénie.

Son frère aîné Tamerlan, étudiant au Bunker Hill Community College, avait un moment été boxeur amateur et avait remporté en 2004 un combat à Lowell, Massachusetts.

Après cette victoire, il avait dit au journal local: "J'aime les Etats-Unis (...) Il y a beaucoup d'emplois ici. C'est quelque chose que nous n'avons pas en Russie. Ici, on peut se faire de l'argent si on veut travailler."

L'oncle des deux suspects, Rouslan Tsarni, qui affirme ne pas leur avoir parlé depuis 2009, a exhorté son neveu fugitif à se rendre aux autorités américaines. "Djokhar fait honte à notre famille. Il fait honte à l'ensemble de la communauté tchétchène", a-t-il dit devant son domicile des environs de Washington.

Selon les autorités scolaires du Daghestan, la famille était partie pour les Etats-Unis en mars 2002 après être arrivée un an auparavant comme réfugiés en provenance du Kirghizstan, une ancienne république d'Asie centrale soviétique à prédominance musulmane où Staline avait jadis déporté des centaines de milliers de Tchétchènes.

A en croire les autorités américaines, les deux frères vivaient en toute légalité aux Etats-Unis. (avec Thomas Grove à Moscou; Guy Kerivel et Jean-Loup Fiévet pour le service français)