L'opération, pour laquelle les parties se sont entendues après des négociations exclusives engagées en décembre, est conditionnée à la réalisation du projet de fusion entre la place britannique et Deutsche Börse et pourrait la faciliter.

Le rachat de Clearnet permettrait à Euronext, pourtant opposé à cette fusion, de renforcer ses positions sur le marché très compétitif de la compensation et de contrôler une entité dont il assure, à travers les ordres de ses clients, environ 50% du chiffre d'affaires.

"Si la fusion (entre LSE et Deutsche Börse) est approuvée par la Commission européenne et les autres régulateurs compétents, nous avons la conviction que l'acquisition de Clearnet créera de la valeur pour les actionnaires d'Euronext", a dit lors d'une conférence téléphonique Stéphane Boujnah, PDG de l'opérateur des Bourses d'Amsterdam, de Bruxelles, de Lisbonne et de Paris.

Euronext a précisé dans un communiqué que le montant qu'il propose ferait l'objet d'un ajustement lié au surplus de capital de sa cible et qu'il anticipait des synergies de coûts opérationnels de 13 millions d'euros par an avant impôts.

L'opérateur, qui prévoit aussi des synergies de revenus, estime que le rachat de Clearnet aura un effet relutif à deux chiffres sur son résultat par action dès la première année (hors coûts d'intégration et avant synergies) et table sur des coûts de restructuration de 40 millions d'euros.

Soutenue par les actionnaires de référence d'Euronext qui devront encore la valider en assemblée générale vers la mi-février, la transaction devrait être finalisée vers la fin du deuxième trimestre 2017, en même temps que la fusion entre LSE et Deutsche Börse.

Euronext avait présenté en mai un plan stratégique à horizon 2019 dans lequel il s'était dit prêt à envisager une opération majeure de fusion-acquisition.

L'action de l'opérateur s'adjugeait 2,32% à 39,880 euros vers 10h05.

Des sources au fait du projet de transaction avaient indiqué fin 2016 que les négociations sur Clearnet avaient été ouvertes en vue d'apaiser les inquiétudes de la Commission européenne concernant le rapprochement entre les Bourses de Francfort et Londres, une opération de 27 milliards d'euros à laquelle les Français se sont opposés.

La Commission a dit fin octobre qu'elle allait prolonger de trois semaines, jusqu'au 6 mars, la durée de l'enquête approfondie ouverte sur ce projet.

Les chambres de compensation, qui interviennent comme intermédiaires entre vendeurs et acheteurs sur les marchés d'actions, d'obligations et de produits dérivés pour assurer la bonne exécution des transactions même en cas de défaut de l'une des parties, sont devenues très prisées depuis les réformes du secteur bancaire mises en oeuvre après la crise financière de 2007-2009.

Le rachat de Clearnet est également jugé stratégique pour la place financière de Paris, qui voit dans le Brexit l'opportunité d'attirer les investisseurs étrangers souhaitant opérer dans la zone euro.

(Benjamin Mallet, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : London Stock Exchange Group Plc, Euronext
Valeurs citées dans l'article : London Stock Exchange Group Plc, Euronext