L'action Blue Solutions a démarré en trombe à la Bourse de Paris, où la filiale de batteries électriques du groupe Bolloré s'est adjugée 44,55% pour sa première séance de cotation, terminant la séance à 20,96 euros.

Introduit sur NYSE Euronext au prix de 14,50 euros, correspondant au haut de la fourchette indicative qui allait de 12 à 14,50 euros, Blue Solutions a ainsi porté sa capitalisation boursière à 604,45 millions d'euros.

Sur le Nasdaq à New York, la start-up française Criteo prend 30% à 38,30 dollars après un peu plus de trois heures de cotation, soit une capitalisation boursière d'environ 2,2 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros).

La société française spécialisée dans la publicité personnalisée sur internet avait fixé le prix d'introduction de son action à 31 dollars. Elle avait quelques heures auparavant relevé sa fourchette de prix d'introduction, entre 27 et 29 dollars, contre 23 à 26 dollars initialement envisagés.

Ce succès est de bon augure pour la mise en Bourse de Twitter, prévue le 7 novembre. Le site de micro-blogging entend placer 70 millions de titres à un prix compris entre 17 et 20 dollars par action, ce qui en fera la plus grosse introduction en Bourse d'une société internet depuis celle ratée de Facebook en mai 2012.

"Le franc succès remporté par l'introduction de la filiale spécialisée dans la production et la commercialisation de batteries (...) montre que le climat est devenu très favorable sur le marché des actions", souligne Arnaud Poutier, le directeur du courtier en ligne IG France, dans une note de marché, en évoquant Blue Solutions.

"Ce dossier comporte des risques majeurs et est encore en amont d'un véritable développement", a-t-il ajouté.

Cet engouement ne doit toutefois pas masquer la réalité d'un marché des introductions en Bourse toujours en berne en France.

Selon les données de Thomson Reuters, seuls 85,8 millions de dollars, soit 62,4 millions d'euros (hors Blue Solutions qui n'a pas procédé à une augmentation de capital à l'occasion de son IPO) ont été levés en France sous la forme de mise sur le marché depuis le début de l'année, contre 329,6 millions de dollars en 2012 et 1,4 milliard en 2009.

Quelques projets d'IPO en cours, à l'image de celle du câblo-opérateur Numericable ou du leader mondial du sol en vinyle Tarkett, pourraient néanmoins permettre au marché français de rebondir.

"LA COTATION EST UN MARATHON"

Lors d'une cérémonie dans les bureaux de NYSE Euronext à Paris, Vincent Bolloré, le PDG du groupe Bolloré, a indiqué dans la matinée que l'offre d'actions Blue Solutions, portant sur 10% du capital de la filiale, avait été sursouscrite plus de 15 fois.

"C'est à la fois très honorifique et puis très inquiétant", a-t-il dit aussi en réaction à la forte hausse du titre. "Honorifique parce que cela veut dire qu'il y a beaucoup de gens qui investissent dans notre entreprise. Inquiétant parce que cela veut dire qu'il faut qu'on se montre digne de ce parcours (...) La cotation est un marathon."

Avec cette introduction en Bourse, le groupe Bolloré entend accélérer le développement de ses activités dans les batteries électriques et capitaliser sur le succès de son service de voitures en libre-service Autolib.

La mise sur le marché ne concerne dans un premier temps que l'activité de fabrication, qui compte deux usines en Bretagne et une au Canada. Elle pourra être complétée d'ici 2018 par d'autres activités sur lesquelles Blue Solutions détient des options d'achat (notamment les Bluecars d'Autolib, les autobus électriques Bluebus, les bateaux électriques Blueboat et le stockage stationnaire pour les Bluehouse).

"Blue Solutions, c'est tout de même une affaire de très haute technologie. Et comme toutes les affaires de très haute technologie, il faut savoir qu'elle présente des potentialités extraordinaires mais des risques aussi extraordinairement importants", a insisté Vincent Bolloré, rappelant que l'IPO s'adressait surtout aux investisseurs institutionnels.

Il a aussi rappelé que le groupe n'entendait pas pour le moment augmenter la part du capital de Blue Solutions mise en Bourse.

"Nous souhaitons garder l'essentiel de cette société dans les mains de la société Bolloré", a réaffirmé Vincent Bolloré.

Avec Dominique Rodriguez et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Marc Joanny

par Matthieu Protard