Frappée par la crise financière, Natixis a été contrainte à une lourde restructuration dès 2009 dans le sillage de la fusion des Banques populaires et des Caisses d'épargne.

Dans une interview à Reuters, la banque se dit prête à des acquisitions dans le domaine de la gestion d'actifs mais ajoute qu'elle se concentrera sur la croissance organique dans l'assurance après avoir décidé en fin d'année dernière de mettre fin à son partenariat avec CNP Assurances à compter du 1er janvier 2016 dans l'assurance-vie.

La création de ce pôle assurance au sein même de Natixis se traduira par le transfert de BPCE Assurances vers la filiale cotée.

Pour Natixis et sa maison mère BPCE, l'ambition est à terme de devenir le numéro deux de la bancassurance en France, derrière le Crédit agricole.

"Notre constat est qu'aujourd'hui, le groupe BPCE n'est pas au niveau de ses concurrents en taux de pénétration d'assurance, et notamment en assurance dommages, auprès de ses clients", explique Laurent Mignon, le directeur général de Natixis.

"Si on se projette à l'horizon 2020 et au-delà, BPCE peut être le deuxième bancassureur du marché", poursuit-il. "Dans la banque de détail, le groupe BPCE est aujourd'hui le deuxième groupe bancaire en France. En matière d'assurance, à terme, la hiérarchie doit être celle-là."

Pour y parvenir, le groupe bancaire s'est fixé comme objectif d'équiper un client sur trois en produits d'assurance dommages dans les réseaux des Banques populaires et des Caisses d'épargne à horizon 2017, contre un client sur cinq actuellement.

"Investir dans l'élargissement de la gamme qu'on offre à nos clients est un enjeu majeur", souligne Laurent Mignon. "C'est d'autant plus important dans des périodes où on voit que la banque de détail, et la banque en général, ne peut pas se développer simplement sur les métiers du crédit."

Dans le cadre du nouveau plan stratégique 2014-2017, le métier de la gestion d'actifs va de son côté bénéficier d'une enveloppe d'investissements de l'ordre de 1,5 milliard d'euros. Et les acquisitions envisagées viseront à renforcer les capacités de distribution en produits de gestion de Natixis en Europe et en Asie et à compléter ses expertises de gestion financière aux Etats-Unis ainsi qu'en Europe, explique Laurent Mignon.

"PAS DE TABOU" POUR METTRE COFACE EN BOURSE

"Nous sommes opportunistes et réalistes. Opportunistes dans le sens où on va regarder beaucoup de choses. Réalistes parce qu'on ne va pas faire des opérations juste pour faire de la croissance externe", dit-il.

"Il y a beaucoup d'opérations que nous n'avons pas faites parce qu'elles ne correspondaient pas à nos critères de rentabilité et à notre capacité à rapidement rendre rentable l'investissement."

Pour ses métiers coeurs, dont la gestion d'actifs fait partie, Natixis rappelle viser un ROE (return on equity) de 12%.

Ce recentrage sur les métiers coeurs se traduira aussi par une introduction en Bourse de l'assureur crédit Coface dans le courant du premier semestre, mais Laurent Mignon n'indique pas la part précise du capital qui sera mise sur le marché.

"Je n'ai pas de tabou mais mon objectif est qu'on donne à la Coface, quand on la met en Bourse, suffisamment de liquidité pour que ce soit une vraie cotation boursière", dit-il néanmoins. "Ce peut être un peu en dessous de 50%, un peu au-dessus. Mais c'est de cet ordre de grandeur."

Interrogé sur la perspective de la revue des actifs bancaires que mènera cette année la Banque centrale européenne, Laurent Mignon se déclare "serein" pour Natixis.

La presse allemande, citant une étude de l'OCDE, a évoqué ce week-end un déficit de fonds propres d'environ 84 milliards d'euros pour les banques européennes.

"Nous sommes sereins. On pense qu'on a le capital nécessaire, que nos risques sont bien gérés", déclare le directeur général de Natixis.

A la Bourse de Paris, l'action Natixis a gagné 6% depuis le début de l'année après avoir doublé de valeur en 2013.

La banque publiera ses résultats annuels le 19 février.

Avec Lionel Laurent, édité par Dominique Rodriguez

par Maya Nikolaeva et Matthieu Protard