Genève (awp) - La multinationale alimentaire Nestlé a fait état de ventes en recul au premier trimestre 2024. La croissance organique a été plombée par la faible demande du marché nord-américain mais portée par les activités en Europe. La direction se déclare confiante avec une normalisation des prix et confirme ses objectifs pour l'année en cours.

De janvier à mars, le chiffre d'affaires a baissé de 5,9% à 22,1 milliards de francs suisses, indique un communiqué paru jeudi. Les taux de changes ont pesé sur les recettes à hauteur de 6,7%. En termes de volumes, les ventes ont faibli de 2,0%. La croissance organique s'affiche à 1,4%, contre 9,3% un an plus tôt.

La croissance interne réelle (RIG) est restée en terrain négatif à -2,0%, contre -0,5% au premier trimestre 2023. Quant aux prix, ils ont augmenté de 3,4% sur un an, et se trouvent à peu près au niveau de 2021. Au cours des huit derniers trimestres, l'entreprise a augmenté ses prix de 5% à parfois plus de 10%.

Ces résultats sont inférieurs aux attentes du consensus AWP dont les analystes tablaient en moyenne sur un chiffre d'affaires à 22,3 milliards, une croissance organique de 2,8% et une croissance interne réelle de -0,7%.

Par activités, l'alimentation pour animaux Purina a été le principal contributeur à la croissance organique du groupe. Nespresso a progressé de 1,0%, Perrier affiche une reprise (+5%), suivi de près par la confiserie - avec Kitkat en première ligne. Le café a évolué sous la barre des 5% de croissance. Nestlé Health Science a accusé un recul des ventes de 1,8% à cause de "contraintes d'approvisionnement temporaires des vitamines, minéraux et compléments", précise la société qui s'attend à une résolution du problème d'ici la fin du premier semestre.

L'évolution organique a été la plus forte en Europe avec +4,4% et la moins forte a été enregistrée en Amérique du Nord, à -2,5%. La demande outre-Atlantique s'est révélée plus modérée, selon l'entreprise.

Tarification plus douce et volumes plus forts

"Les adaptations de prix devraient revenir lentement à des niveaux "normaux", explique jeudi le directeur général Mark Schneider à la presse. "Au niveau du groupe, nous constatons une évolution très modérée mais positive des prix tout au long de l'année." La fixation des prix sera "plus nuancée" et se fera en fonction de la catégorie de produits et des consommateurs.

Pour certains produits et sur certains marchés, des augmentations de prix restent nécessaires. "Alors que certaines matières premières sont redevenues moins chères, les prix élevés du cacao et des grains de café persistent", relate le patron en soulignant la nécessité parfois de nouvelles hausses de prix.

Nestlé a confirmé ses objectifs de croissance organique à 4% avec une forte croissance RIG au second trimestre puis envisage une performance stable sur le reste de l'année. En termes de volume, la croissance "améliorée mois après mois", selon le patron, devrait être au rendez-vous au cours des trois prochains trimestres. Le bénéfice récurrent par action à taux de change constants pourrait connaître une augmentation comprise entre 6% et 10%.

"Le sentiment des investisseurs à l'égard de Nestlé n'a jamais été aussi mauvais en plus de 25 ans", lance Patrik Schwendimann, analyste à la Banque cantonale de Zurich (ZKB). "A court terme, l'action évoluera entre 90 et 95 francs suisses." Avis partagé par Jean-Philippe Bertschy de Vontobel qui parle de "mesures nécessaires pour revigorer l'organisation et préparer la feuille de route 2030" après le récent flux de nouvelles négatives.

Andreas von Arx de Baader Helvea prévient, "si la pression sur le cours de l'action se maintient ces prochains trimestres, Nestlé (ou des actionnaires activistes) pourrait commencer à faire pression pour des ajustements plus importants du portefeuille et des coûts". Enfin, Pascal Boll de Stifel préfère "rester sur le banc de touche pour le moment".

À la clôture, le titre Nestlé a lâché 2,0% à 92,08 francs suisses, tirant le SMI vers le bas, l'indice vedette lâchant 0,97% à 11'260,61 points.

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