* La banque veut baisser de 5% ses dépenses "discrétionnaires" en 2012

* L'Europe, les dérivés actions et le financement des matières premières jugés "coeurs"

* Les activités en Amérique et en Asie seront "rationalisées" (Actualisé avec réaction de la SocGen, contexte)

par Matthieu Protard et Lionel Laurent

PARIS, 9 janvier (Reuters) - La Société générale , qui se prépare à restructurer sa banque de financement et d'investissement en raison de la crise financière, anticipe une baisse significative de ses revenus dans la BFI en 2012, peut-on lire lundi soir dans un document interne de la banque dont Reuters a obtenu une copie.

La banque française, qui a remanié le mois dernier la direction de sa BFI et qui prévoit de supprimer plus de 1.500 postes dans ces activités à travers le monde, veut également réduire de 5% ses dépenses dites "discrétionnaires", à savoir notamment les dépenses téléphoniques, les dépenses de voyage ou les achats de données de marché. (voir et )

"SG CIB (BFI de la SocGen, NDLR) anticipe pour 2012 une baisse significative de ses revenus par rapport à 2011 avec notamment un surcoût lié au financement et à la réduction du bilan", écrit la Société générale dans un document interne de plus de deux cents pages.

Elle explique que les nouvelles contraintes réglementaires européennes entraîneront aussi une baisse de la rentabilité de ces activités en raison des exigences supplémentaires de fonds propres.

"Le groupe a déjà communiqué lors des résultats du T3 2011 sur la perte de 750 millions d'euros de revenus récurrents liée au plan d'adaptation de ses activités de banque de financement et d'investissement, ce qui est une baisse significative, et hors coûts liés aux cessions des actifs", a réagi la banque dans un courriel adressé à Reuters.

L'établissement estime également que ses activités de marché et de banque d'affaires en Europe sont "coeurs", tout comme celles dans le financement de matières premières et les dérivés actions.

En revanche, les activités en Amérique et en Asie sont considérées comme "non coeurs" mais essentielles.

"Ces géographies vont néanmoins devoir être rationalisées", poursuit la banque. "SG CIB doit adapter la taille de ses implantations en Amérique et en Asie au volume d'activité qu'elle peut raisonnablement viser et à la disponibilité des ressources nécessaires."

"REMISE EN CAUSE"

La Société générale envisage de surcroît d'arrêter ou de fortement réduire ses activités dans le trading physique de matières premières en Amérique du Nord, ainsi que dans le financement immobilier, aéronautique et des bateaux.

"Dans le cas du trading physique d'énergie en Amérique du Nord ainsi que des financements immobiliers, d'avions et de bateaux, c'est l'activité dans son ensemble qui est remise en cause", poursuit le groupe.

Touchée de plein fouet par la crise de la dette en zone euro et les tensions sur le marché du refinancement bancaire, la SocGen est aujourd'hui contrainte, comme d'autres banques européennes, de restructurer ses activités de marché et de réduire la taille de son bilan pour rassurer les marchés sur sa solidité financière.

Elle pourrait, selon des sources proches du dossier, annoncer prochainement une réorganisation de ses activités dans la banque privée.

La banque, qui a vu sa capitalisation boursière s'effondrer de près de 60% l'an dernier, assure depuis plusieurs mois qu'elle est capable de renforcer ses fonds propres sans faire appel au marché, malgré les réserves de nombreux analystes. Comme les autres banques françaises, elle écarte tout besoin de solliciter des fonds publics pour pouvoir surmonter la crise.

"Société générale est une banque française, régulée par un Etat qui est endetté à hauteur de 82% de son PIB et qui en conséquence ne pourra pas intervenir en cas de crise de liquidité", fait encore remarquer le groupe dans son document interne.

La banque estime que la vente accélérée de ses actifs toxiques lui permettra de libérer 1,3 milliard d'euros de capital d'ici l'an prochain.

"Les besoins en capital de Société générale sont estimés aujourd'hui à environ 2,1 milliards d'euros, et ne pourront être remplis sans mettre en réserve une part importante des profits du groupe, qu'il faut donc préserver", insiste encore la SocGen.

A la Bourse de Paris, l'action Société générale a terminé la séance de lundi en baisse de 3,63% à 15,00 euros. Elle a encore perdu plus de 12% de sa valeur depuis le 1er janvier. (Edité par Catherine Monin)