par Clara Ferreira-Marques

Mais les craintes de voir son gouvernement incapable de réduire les dépenses continuent de peser sur les marchés et d'affaiblir l'euro, alimentant les spéculations sur une sortie possible de la Grèce de la zone euro ou sur un défaut forcé.

"La solidarité est possible, elle existera. Un renflouement n'est pas possible et n'aura pas lieu", a déclaré à Reuters Insider TV Joaquin Almunia, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, lors du Forum économique mondial de Davos.

Présent lui aussi à Davos, le Premier ministre grec George Papandreou est allé dans le même sens en assurant privilégier la réduction du déficit et le rétablissement de la confiance.

"La Grèce est dans une situation qui nous oblige à mettre en oeuvre des mesures très fortes et des changements structurels dans notre pays", a-t-il dit. "Nous sommes déterminés à appliquer ce programme."

Athènes avait regagné un peu de confiance auprès des investisseurs lundi en lançant avec succès un emprunt obligataire à cinq ans qui lui a permis de lever huit milliards d'euros.

Le gouvernement de George Papandreou s'est engagé à ramener cette année le déficit budgétaire de la Grèce à 8,7% du produit intérieur brut (PIB), contre plus de 12% l'an dernier, et de le ramener d'ici 2012 au plafond de 3% fixé par l'UE.

Et le Premier ministre a assuré que son pays n'abandonnerait pas l'euro.

"Au final, il faut se demander si la zone euro est pour nous une bonne chose ou une mauvaise. C'est une bonne chose", a-t-il dit.

Les déclarations de Joaquin Almunia ont visiblement contribué à apaiser en partie les tensions sur les marchés de la dette. Le coût d'une protection contre un risque de défaut d'Athènes sur sa dette a reflué à 397.000 euros pour 10 millions d'exposition, contre un record de 422.500 jeudi, selon les données de CMA DataVision sur les "credit default swaps" à cinq ans.

PRÉVENIR LA CONTAGION

La prime que les investisseurs demandent pour détenir des obligations grecques plutôt que des Bunds allemands avait reculé après des informations de presse selon lesquelles Athènes obtiendrait une aide, mais elle est repartie à la hausse après les propos du commissaire européen.

L'euro, lui, a touché dans la matinée en Europe son plus bas niveau depuis juillet face au dollar, à 1,3913 dollar selon les données Reuters.

Le Financial Times, dans son édition de vendredi, cite de hauts responsables européens déclarant que la Grèce recevrait en dernier recours une aide d'urgence des pays de la zone euro et de la Commission européenne.

Une information similaire rapportée par le journal Le Monde a été démentie jeudi par la France et l'Allemagne.

Des dirigeants grecs ont rencontré à Davos des représentants du FMI, mais le ministre des Finances George Papaconstantinou a déclaré à Reuters qu'il n'avait pas demandé d'aide au Fonds monétaire international.

Joaquin Almunia a, lui, jugé impossible que la Grèce se trouve en situation de défaut.

"La Grèce ne fera pas défaut. Je vous en prie. Dans la zone euro, le défaut n'existe pas parce qu'avec une monnaie unique, la possibilité d'obtenir des financements dans votre propre monnaie est bien plus importante", a-t-il dit à Bloomberg TV.

Dans un article publié vendredi dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'ancien économiste en chef de la Banque centrale européenne Otmar Issing estime que l'octroi d'une aide européenne à la Grèce affaiblirait l'euro et nuirait fortement à la réputation de l'Union monétaire européenne.

"Si la clause excluant les aides n'est pas respectée, tous les barrages vont céder. La maladie grecque va se répandre", ajoute-t-il.

Cette clause, explique l'économiste, prévoit que les Etats membres sont chacun responsables de leurs finances publiques et qu'ils ne peuvent garantir la dette des autres.

La Commission européenne doit faire des recommandations sur le programme grec de réduction du déficit lors d'une réunion la semaine prochaine.

Athènes avait démenti mercredi des informations selon lesquelles il avait mandaté la banque Goldman Sachs pour tenter de conclure l'achat par la Chine de 25 milliards d'euros d'obligations.

George Papaconstantinou a confirmé vendredi qu'il se rendrait prochainement en Asie, mais il a précisé qu'aucune opération financière spécifique n'était à l'étude.

Emelia Sithole-Matarise et Madeline Chambers, version française Gwénaelle Barzic et Marc Angrand, édité par Dominique Rodriguez