* L'UE n'exclut pas d'autres discussions

* Pourtant, il n'y a guère de marge de manoeuvre

* Le chaos politique au Royaume-Uni déconcerte les Européens

par Gabriela Baczynska, Jan Strupczewski et Alastair Macdonald

BRUXELLES, 16 novembre (Reuters) - La décision du gouvernement britannique de soutenir le projet d'accord de Brexit avait été accueillie avec soulagement par les négociateurs européens mercredi soir à Bruxelles, même s'ils savaient bien que rien n'était gagné.

"Nous célébrons cette décision ce soir mais nous serons en larmes quand le Parlement britannique votera contre ce texte", avait alors déclaré un responsable européen.

Quelques heures plus tard, le ministre britannique du Brexit, Dominic Raab, et plusieurs autres membres du gouvernement démissionnaient, plongeant le Royaume-Uni dans une grave crise politique et menaçant le maintien au pouvoir de la Première ministre Theresa May.

Alors que les Vingt-Sept se préparent à un sommet avec Theresa May le 25 novembre à Bruxelles pour cimenter l'accord, le maelstrom politique à Londres inquiète profondément les Européens.

Tout est possible et aucune des questions qui se posent n'a pour l'instant de réponse.

"C'est fou, complètement fou. C'est vraiment difficile de s'y retrouver, je ne sais vraiment pas ce que nous devons faire", dit un diplomate européen.

L'exécutif européen a fait savoir qu'il se préparait à toutes les éventualités, même à un maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union. Mais l'hypothèse d'une sortie sans accord est celle qui occupe le plus les esprits.

"L'UE est préparée à conclure un accord final avec le Royaume-Uni en novembre", a déclaré Donald Tusk, le président du Conseil européen. "Mais nous sommes aussi préparés à un scénario sans aucun accord", a-t-il ajouté, sans exclure son choix préféré - que les Britanniques restent sans l'Union.

Plusieurs parlementaires européens ont souhaité l'organisation d'un second référendum sur le Brexit, une idée exclue par Theresa May.

"LES GENS EN ONT ASSEZ"

Face au tumulte interne en Grande-Bretagne, il est possible que Londres demande des amendements au projet actuel.

Mais les diplomates européens soulignent, comme l'ont fait la chancelière allemande Angela Merkel et Theresa May, qu'il n'y a guère de marge de manoeuvre d'un côté comme de l'autre.

L'un d'eux, cependant, n'exclut pas de nouvelles discussions qui pourraient durer jusqu'en décembre. "Même sans changer les délais, on peut toujours envisager de négocier et de parvenir à un résultat différent", dit-il. "Tout dépendra des signaux que nous pourrions recevoir de Londres. Mais c'est difficile de dire quoi que ce soit pour le moment tant le chaos est grand là-bas."

Les dirigeants européens sembleraient disposés à laisser un peu plus de temps aux Britanniques pour préciser leur position, en repoussant la date du Brexit fixée au 29 mars prochain. Mais une telle décision nécessite l'unanimité et toute éventuelle prolongation ne devrait pas dépasser quelques semaines.

Les prochaines élections au Parlement européen se dérouleront du 23 au 26 mai. Si les Britanniques ne votent pas, il faudra légalement que leur pays soit déjà sorti de l'Union, faute de quoi la légitimité du scrutin pourrait être remise en question.

Permettre à Londres d'organiser un nouveau référendum sur le Brexit entraînerait aussi de lourdes contraintes de calendrier, en plus des incertitudes sur les modalités d'une telle consultation.

"Les gens en ont assez de tout cela", dit un spécialiste des questions européennes qui souligne que l'UE semble se préparer à une sortie sans accord en mars prochain. "Le Brexit est un boulet pour les entreprises européennes. On veut vraiment en sortir - d'une manière ou d'une autre." (Guy Kerivel pour le service français)