MARSEILLE, 29 novembre (Reuters) - Le gouvernement a annoncé jeudi une aide de 240 millions d’euros minimum pour la rénovation de l’habitat à Marseille après l’effondrement d'immeubles qui a provoqué la mort de huit personnes, ouvrant une crise dans la deuxième ville de France.

"La situation aujourd’hui n’est pas acceptable. Les Marseillais m’ont dit leur désarroi et leur inquiétude. L’Etat sera pleinement à leurs côtés", a dit à la presse le ministre du Logement et de la Ville, Julien Denormandie.

Ce dernier a rencontré les experts qui doivent déterminer les raisons de l’effondrement du 5 novembre et les familles évacuées, et demandé que "les responsabilités" soient établies.

Il a aussi rencontré le maire Jean-Claude Gaudin et la présidente de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, rappelant que la lutte contre l’habitat insalubre relevait de la compétence des deux collectivités.

"La confiance, c’est bien. Mais cela n’exclut pas le contrôle. J’ai demandé qu’un suivi fin, méthodique et quotidien soit mis en place", a-t-il indiqué, précisant qu’il appartenait à l’Etat de s’assurer des résultats.

Martine Vassal, également présidente du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, a proposé mercredi un plan de 600 millions d'euros pour lutter contre l'habitat indigne et dégradé dans la deuxième ville de France, dont 230 millions d'euros à la charge de l'Etat.

Le ministre du Logement lui a demandé que cette "stratégie annoncée puisse être renforcée, étayée et accélérée", notamment en menant une "guerre sans relâche" aux marchands de sommeil.

Il a promis l’aide de l’Etat sous la forme de "240 millions d’euros de subventions pour la seule rénovation de l’habitat dégradé et d’autres subventions pour la rénovation urbaine".

200 IMMEUBLES ÉVACUÉS

Selon un dernier décompte effectué mercredi par la mairie de Marseille, près de 1.500 personnes ont été mises à l'abri et 193 immeubles évacués à Marseille depuis le 5 novembre.

Au total, 1.482 personnes ont été préventivement mises en sécurité, dont 1.146 hébergées dans 31 hôtels de la commune.

Environ 735 signalements de bâtiments insalubres sont traités ou en cours de traitement par les services municipaux.

Jean-Claude Gaudin, dont la démission a été réclamée par des milliers de manifestants lors d'une "marche de la colère", a pris 32 arrêtés de péril sur la même période.

Au cours des trois dernières années, 179 arrêtés de péril ont été pris, dont 57 l'an dernier, 43 en 2016 et 35 en 2015, a-t-il ajouté.

Le parquet de Marseille a ouvert mardi une information judiciaire contre X pour "homicides et blessures involontaires", qui a été confiée à trois juges d'instruction du pôle accident collectif du tribunal de grande instance de Marseille.

"A ce jour, les causes de l'effondrement de ces immeubles, qui avaient donné lieu à plusieurs expertises, ne sont pas établies", a dit le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux.

Plusieurs personnes ont déjà été entendues dans le cadre de l'enquête de flagrance de la police judiciaire, sans garde à vue à ce stade.

Des documents et des supports informatiques ont également été saisis lors de perquisitions opérées dans les locaux des services de la mairie et du syndic, aux domiciles des propriétaires et chez les experts ayant été amenés à examiner les immeubles qui se sont effondrés. (Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)