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PARIS (awp/afp) - Rassurées par une BCE restée très accommodante et portées par la baisse de l'euro, la Bourse de Paris et ses homologues européennes devraient voguer sans ambages vers de nouveaux horizons haussiers la semaine prochaine, aidées par les publications d'entreprises.

"Nous sommes dans un contexte tout à fait favorable, d'autant que nous commençons à atteindre des seuils techniques importants, ce qui est typiquement un environnement propice au dépassement de ces derniers à la hausse", relève pour l'AFP Jeanne Asseraf-Bitton, responsable de la stratégie d'investissement chez Lyxor AM, les investisseurs mettant entre parenthèses les incertitudes sur la Catalogne.

Alors que les résultats trimestriels vont se poursuivre, "nous pouvons nous attendre à une semaine prochaine qui soit dans la continuité positive de celle-ci et de la belle clôture hebdomadaire de ce vendredi", abonde Jean-Jacques Friedman, directeur des investissements chez VEGA IM.

D'autant que les chiffres d'inflation en zone euro pour octobre et la première estimation de la croissance du troisième trimestre dans la région devraient venir conforter la confiance des investisseurs.

Alors qu'il était empêtré depuis le début du mois d'octobre dans une fourchette étroite d'évolution, l'empêchant de dépasser durablement le seuil des 5.400 points, le CAC 40 a finalement dû son salut à la Banque centrale européenne (BCE), qui tenait jeudi sa réunion de politique monétaire.

"Le marché était dans l'attente" de ce rendez-vous, et en a profité pour respirer en amont, souligne Mme Asseraf-Bitton.

"Il n'y a pas de grande surprise mais c'est peut-être ce qui soulage les investisseurs car le président de la BCE Mario Draghi est clairement resté sur un biais très accommodant. Pas forcément beaucoup plus qu'attendu mais suffisamment", estime-t-elle.

La BCE a accompli un exercice d'équilibriste jeudi, en allégeant son programme de soutien à l'économie, réduisant de moitié ses rachats d'obligations mensuels, à 30 milliards d'euros, de janvier à septembre 2018, tout en restant prête à remettre la vapeur si besoin et en repoussant loin dans le temps une hypothétique hausse des taux.

La première vertu de ces annonces a été de permettre "à l'euro de s'affaiblir un peu, ce qui est un élément de soutien" des marchés européens, note Mme Asseraf-Bitton.

- Risque de complaisance ? -

Fort de ce levier, le CAC 40 a bondi entre jeudi et vendredi au-dessus des 5.500 points, au plus haut en quasiment dix ans puisqu'il n'avait plus atteint ces niveaux depuis début janvier 2008.

De son côté, le Dax s'est extirpé du ventre mou des 13.000 points et a été propulsé vendredi au-dessus de ce seuil par le virage en douceur de la BCE.

La semaine prochaine, ce sera au tour de la Banque d'Angleterre (BoE) de rendre son verdict monétaire, ce qui pourrait susciter quelques remous sur la livre et à la Bourse de Londres.

Les chances d'une hausse des taux d'intérêt se sont en effet renforcées depuis la publication récente d'une croissance britannique un peu meilleure qu'attendu au troisième trimestre. La BoE a donc davantage de marges pour resserrer sa politique monétaire afin de limiter l'inflation.

Par ailleurs, les marchés européens ne semblaient guère perturbés par la situation confuse en Catalogne.

Le Sénat espagnol a autorisé vendredi la mise sous tutelle de la Catalogne, une mesure sans précédent en 40 ans de démocratie, après que les séparatistes ont déclaré l'indépendance.

"D'après moi, le temps du risque politique est passé et il y a une forme d'accoutumance" à ce type de facteur désormais, d'autant qu'il paraît difficile d'imaginer que la Catalogne devienne entièrement indépendante, juge cependant M. Friedman.

Est-ce à dire que l'horizon s'est définitivement dégagé pour les Bourses européennes, désormais libres d'emboîter le pas aux records américains ?

"Le marché va sans doute monter encore un peu pour aller converger vers l'augmentation réelle des bénéfices par action enregistrée depuis le début de l'année et rester obnubilé par les résultats d'entreprises" dans les jours à venir, concède M. Friedman.

Mais une fois ce soufflé retombé, "nous risquons d'avoir connu, dans cet élan des marchés, des emballements ponctuels avec la possibilité de voir des bulles se former", et qui pourraient finir par éclater, conclut-il.

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