L'année écoulée a été rude pour les investisseurs; 2012 ne sera sans doute guère mieux.

Les fluctuations de l'indice S&P-500 ont déstabilisé aussi bien ceux qui jouaient long que ceux qui jouaient court, ont fait fuir le bon père de famille, pour terminer finalement l'année à peu près où il avait commencé.

Et encore, comparé à d'autres places boursières, la performance du S&P-500, en soi médiocre, n'est pas si mal, faisant encore apparaître les Etats-Unis comme une place suffisamment sûre pour investir. Mais cela non plus n'est plus une certitude.

Chaque fois que la Bourse a monté sur de bons chiffres économiques, un courant vendeur est apparu peu de temps après, motivé par les craintes engendrées par la crise de la dette dans la zone euro. Ce schéma risque fort de se reproduire en 2012.

"On se rend compte de plus en plus que l'économie mondiale est en danger", dit Bruce Bittles (Robert W. Baird). "Il n'y a pas un coin dans le monde où l'incertitude ne loge pas". Incertitude qui a alimenté une forte volatilité, laquelle devrait persister au moins au début de l'an prochain.

L'indice S&P-500 aura cédé 0,003% cette année, au plus près de l'inchangé depuis 1947, selon Standard & Poor's, alors que l'indice boursier mondial MSCI aura perdu 9% et l'indice FTSEurofirst 300 près de 11%.

Le Dow Jones aura gagné 5,5% et le Nasdaq Composite perdu 1,8%.

Pour les marchés émergents les plus courus, 2011 aura aussi été une année noire. L'indice de la Bourse de Shanghai aura perdu 22%, l'indien BSE 25% et le Bovespa brésilien 18%.

Des stratèges interrogés par Reuters voient le S&P-500 gagner 6% en 2012, à la faveur d'une croissance économique raisonnable et de valorisations attrayantes.

"RÉCESSION DE GRANDE AMPLEUR"

Le PER (price-to-earnings ratio) - ce que les investisseurs sont prêts à payer pour un dollar de bénéfice - du S&P-500 est à moins de 12, en deçà de la moyenne mobile sur 25 ans qui donne 15. Pour des marchés affaiblis comme la Bourse de Francfort, le chiffre est à moins de 9.

"Ces chiffres présupposent une récession de grande ampleur", résume Marc Pado (Cantor Fitzgerald).

Beaucoup d'économistes pensent que la zone euro est déjà en récession et anticipent une stagnation de son PIB en 2012, après une contraction au dernier trimestre 2011 et au premier de la nouvelle année.

Jusqu'à présent, l'économie des Etats-Unis reste au contraire sur la voie d'une croissance modérée et les économistes anticipent pour elle une croissance de 2,1% en 2012.

Mais de l'avis de Michael Sheldon (RDM Financial), quand l'on parle de croissance mondiale, il faut surtout regarder du côté de la Chine. Or la confiance des entreprises chinoises faiblit et une enquête a montré une baisse des commandes à l'exportation pour la première fois depuis près de trois ans.

L'un des grands événements économiques et financiers de 2011 a été le déclassement des Etats-Unis, privés de leur AAA par Standard & Poor's.

Ce déclassement a été motivé en particulier par les bisbilles au Congrès concernant le relèvement du plafond d'endettement. Etant donné que l'élection présidentielle aura lieu en novembre, la confrontation verbale risque de monter d'un cran, surtout si le scrutin semble serré, pensent les investisseurs.

Il sera alors d'autant plus difficile de trouver des remèdes efficaces à un endettement énorme et une demande affaiblie.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marine Pennetier

par Edward Krudy