par Aidan Lewis

LE CAIRE, 29 juin (Reuters) - Des entreprises européennes sont en train de signer des accords d'une valeur potentielle de plus de 40 milliards d'euros avec des partenaires égyptiens, a déclaré samedi la présidente de la Commission européenne lors d'une conférence sur l'investissement au Caire, dans le cadre d'une initiative visant à soutenir l'économie égyptienne.

Cette annonce par Ursula von der Leyen de plus de 20 nouveaux accords ou protocoles d'accords fait notamment suite à un programme de financement de l'UE de 7,4 milliards d'euros, alors que l'Égypte tente de contenir les retombées des conflits à Gaza et au Soudan, et que les États européens s'efforcent d'empêcher les flux de migrants à travers la Méditerranée.

Les groupes de défense des droits de l'homme ont remis en question le financement accordé à l'Égypte, où le président Abdel Fattah al-Sisi a dirigé une vaste répression de la dissidence politique pendant plus d'une décennie.

Les responsables européens affirment vouloir aider l'Égypte à devenir plus résistante en stimulant les investissements et le secteur privé, après que des chocs répétés, notamment les retombées de la guerre en Ukraine et le COVID-19, ont révélé des faiblesses économiques sous-jacentes du pays.

"Votre stabilité et votre prospérité sont essentielles pour toute une région", a déclaré Ursula von der Leyen dans un discours prononcé au début de la conférence de deux jours sur l'investissement entre l'Égypte et l'UE.

Abdel Fattah al-Sisi a déclaré que la conférence arrivait à un "moment critique", compte tenu des crises internationales et régionales successives qui, selon lui, nécessitent une coordination entre l'Europe et l'Égypte.

Les intervenants ont mis l'accent sur la position stratégique de l'Égypte entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, ainsi que sur son potentiel en matière d'exportation d'énergie propre et de fourniture d'une main-d'œuvre qualifiée peu coûteuse aux entreprises européennes désireuses de baser leurs opérations à proximité de leur marché national.

LA MOITIÉ DES CONTRATS SIGNÉS CONCERNENT L'ÉNERGIE

Environ la moitié des contrats signés concernent le secteur de l'énergie, a déclaré Ditte Juul Joergensen, directrice générale du département de l'énergie de la Commission européenne.

Les entreprises européennes cherchant à investir sont également présentes dans des secteurs tels que la gestion de l'eau, la construction, les produits chimiques, le transport maritime et l'aviation, a précisé Ursula von der Leyen.

Cette année, l'Égypte a bénéficié de financements étrangers et de promesses de dons de la part des Émirats arabes unis, du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de l'Union européenne.

Cela a permis d'atténuer une crise des devises étrangères et de susciter des engagements en faveur de réformes, notamment à travers un taux directeur plus souple, des contrôles sur les dépenses hors budget et la réduction du rôle de l'État et de l'armée dans l'économie.

Ces engagements n'ont guère contribué à revigorer le secteur privé par le passé. Signe de la persistance des difficultés, l'Égypte connaît des coupures de courant régulières et les usines d'engrais et de produits chimiques ont interrompu leur production en raison de la pénurie de gaz.

Les hommes d'affaires et les diplomates affirment qu'il y a peu de transparence sur la manière dont la stratégie économique est déterminée. Un nouveau gouvernement n'a toujours pas été nommé, près de quatre semaines après l'annonce de la démission du cabinet actuel.

Les autorités égyptiennes affirment qu'elles font de leur mieux pour gérer les pressions extérieures et subvenir aux besoins d'une population croissante de 106 millions d'habitants.

La visite d'Ursula von der Leyen au Caire intervient alors qu'elle cherche à obtenir l'approbation du Parlement européen pour un second mandat de cinq ans en tant que présidente de la Commission. (Avec la contribution de Jaidaa Taha et Marine Strauss ; rédigé par Andrew Heavens et Clelia Oziel, version française Benjamin Mallet)