Le procès de Sung Kook "Bill" Hwang s'ouvre ce lundi devant le tribunal fédéral de Manhattan sur les accusations liées à l'effondrement en 2021 de son fonds Archegos Capital Management, d'une valeur de 36 milliards de dollars.

L'affaire a été suivie de près, car elle constitue un test de l'ambitieuse théorie de manipulation des marchés des procureurs, et parce qu'elle devrait mettre en lumière les rouages des transactions de Wall Street avec des clients rentables mais risqués.

Les témoignages au cours du procès, qui pourrait durer jusqu'à huit semaines, porteront sur l'implosion d'Archegos, le bureau d'investissement familial peu réglementé de M. Hwang, qui, selon les procureurs, aurait causé plus de 100 milliards de dollars de pertes pour les actionnaires des sociétés de son portefeuille.

Les procureurs accusent Hwang d'avoir utilisé des contrats financiers connus sous le nom de "swaps de rendement total" pour accumuler secrètement des participations importantes dans de nombreuses entreprises sans détenir réellement leurs actions.

Ses positions étaient si importantes qu'elles éclipsaient celles des plus gros investisseurs des entreprises, ce qui faisait grimper le cours des actions, selon les procureurs. À son apogée, Archegos disposait de 36 milliards de dollars d'actifs et de 160 milliards de dollars d'exposition aux actions.

La chute des cours boursiers en mars 2021 a déclenché des appels de marge qu'Archegos n'a pas été en mesure de satisfaire. Cette situation a incité certaines banques à se débarrasser des actions garantissant ses swaps, ce qui a entraîné de lourdes pertes pour Archegos et ses prêteurs, tels que le Crédit suisse, qui fait désormais partie d'UBS, et Nomura Holdings.

Les procureurs affirment que Hwang et l'ancien directeur financier d'Archegos, Patrick Halligan, qui est également jugé, ont menti sur leurs avoirs afin de maintenir leurs relations d'affaires avec les banques internationales.

Hwang et Halligan sont accusés de racket. Hwang doit répondre de dix autres chefs d'accusation pour fraude et manipulation du marché, et Halligan de deux autres chefs d'accusation pour fraude. Chaque chef d'accusation est passible d'une peine maximale de 20 ans.

Les deux hommes ont plaidé non coupable et devraient faire valoir que les procureurs avancent une théorie nouvelle et absurde de manipulation du marché.

Un jury composé de sept femmes et de cinq hommes a été choisi la semaine dernière.

Les avocats de M. Hwang ont qualifié l'affaire de "plus agressive affaire de manipulation de marché ouverte jamais intentée" par les procureurs. Plusieurs avocats ont déclaré à Reuters que l'affaire pourrait être difficile pour le gouvernement.

Le trader en chef d'Archegos, William Tomita, et le directeur des risques, Scott Becker, ont plaidé coupable pour des accusations connexes et devraient témoigner au procès. Certains dirigeants de banques pourraient également comparaître à la barre des témoins. (Rapport de Brendan Pierson à New York)