LONDRES (Reuters) - Le directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, présente ce lundi à Londres son plan stratégique pour les trois prochaines années, un test très attendu pour le nouveau patron de la banque rouge et noire qui échoue pour l'heure à convaincre les investisseurs.

Après la présentation tôt lundi de premiers objectifs financiers pour 2026, l'action Société générale chutait de 6,3% à 24,81 euros à 7h40 GMT à la Bourse de Paris, sa plus forte baisse en séance depuis le 15 mars.

Slawomir Krupa, qui a pris les rênes de Société Générale en mai dernier succédant au mandat de 15 ans de Frédéric Oudéa, a déclaré lundi avoir pour ambition de faire du groupe une banque "de premier plan robuste et durable" alors que Société Générale est restée ces dernières années à la traîne de sa grande rivale BNP Paribas et de plusieurs autres de ses concurrents européens.

La troisième banque française par capitalisation boursière vise un ratio de rentabilité des fonds propres tangibles (ROTE) de 9% à 10% en 2026, contre 5,6% déclaré à fin juin, grâce à l'amélioration de sa rentabilité et à la réduction de ses coûts.

Elle prévoit également un taux de distribution compris entre 40% et 50% du résultat net déclaré aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats à partir de 2023.

Ces deux objectifs sont légèrement inférieurs aux engagements précédents, qui prévoyaient que le ROTE atteigne environ 10% en 2025 et un ratio de distribution de 50%.

UN BUSINESS MODEL SIMPLIFIÉ

Société Générale vise également un ratio de fonds propres CET1 - une mesure clé de la solidité financière - de 13% en 2026, presque au même niveau que le 13,1% déclaré à la fin du mois de juin, en tenant compte des exigences de solvabilité accrue dans le cadre des règles de Bâle IV qui doivent entrer en vigueur début 2025.

Les nouveaux objectifs sont basés sur des prévisions d'une croissance annuelle des revenus entre 0% et 2% en moyenne sur la période 2022-2026.

"Nous sommes négativement surpris par l'absence de croissance des revenus, l'augmentation de l'objectif de capital, la baisse sur le taux de distribution et le ROTE et par l'absence de détails", ont souligné dans une note les analystes de Jefferies.

Slawomir Krupa, qui a fait l'essentiel de sa carrière au sein de Société générale où il dirigeait dernièrement la banque d'investissement, a déclaré lundi qu'il rationaliserait les activités de la banque, sans donner plus de précisions.

"Nous renforcerons le groupe en façonnant un business model simplifié. Nous prendrons les décisions nécessaires pour renforcer le capital et gagner en flexibilité, améliorer structurellement notre efficacité opérationnelle et maintenir notre gestion exigeante des risques au meilleur niveau", a-t-il dit, cité dans un communiqué.

DÉPRÉCIATIONS

Société Générale a annoncé en juin avoir signé des accords en vue de la vente de ses filiales au Congo, en Guinée Equatoriale, en Mauritanie et au Tchad, et a dit examiner une cinquième unité sur le continent.

Des sources proches du dossier ont indiqué à Reuters que le groupe était ouvert à l'idée d'une cession de sa filiale spécialisée dans le financement des ventes et des biens d'équipement SGEF, qu'il considère comme non essentielle.

La banque a déclaré que sa nouvelle stratégie l'avait conduite à comptabiliser des dépréciations pour la partie restante de ses activités africaines, du bassin méditerranéen et d'outre-mer, ainsi que pour sa division Equipment Finance, pour un total d'environ 340 millions d'euros.

Du point de vue des objectifs ESG, Société Générale a dit vouloir réduire son exposition au secteur de la production de pétrole et de gaz de 80% d'ici 2030 par rapport à 2019.

La banque a aussi fixé pour objectif un taux de 35% de femmes dirigeantes au niveau mondial d'ici 2026 et a alloué 100 millions d'euros à la réduction de l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes.

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ENCADRE-Les objectifs clés du nouveau plan stratégique de SocGen

(Avec la contribution de Tassilo Hummel, Silvia Aloisi, Elisa Martinuzzi, Michal Alexandrowicz; version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)

par Mathieu Rosemain