Le groupe aérien franco-néerlandais, numéro deux européen, qui a engagé il y a un an un vaste plan de restructuration, s'est refusé à s'engager sur une prévision de résultat d'exploitation pour 2013, se bornant à réaffirmer son intention de continuer à réduire sa dette et ses coûts.

Les analystes anticipent un bénéfice d'exploitation de 346 millions d'euros en 2013 et de 885 millions en 2014, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

Le PDG d'Air France-KLM, Jean-Cyril Spinetta, s'est fixé pour priorité de redresser le réseau moyen courrier, "maillon faible" du groupe dont il est le principal foyer de pertes.

"Les résultats de 2012 sont clairement décevants de ce point de vue mais l'année 2013 (...) devrait manifester une amélioration significative", a-t-il estimé.

La renégociation des accords sur le travail avec les syndicats et la meilleure utilisation des avions entreront pleinement en vigueur pour la saison d'été, à partir du 1er avril, a-t-il expliqué.

L'action Air France-KLM perd 2,32% à 8,134 euros vers 11h55, après avoir gagné 16,15% depuis le début de l'année et 76% en 2012.

Goldman Sachs souligne dans une note que le groupe a réduit sa perte d'exploitation et sa dette plus que prévu et a réussi à augmenter ses recettes unitaires par passager au quatrième trimestre.

Air France-KLM a accusé en 2012 une perte d'exploitation de 300 millions d'euros contre une perte de 353 millions en 2011 et a amélioré son chiffre d'affaires de 5,2% à 25,63 milliards.

Sa recette unitaire par siège a augmenté de 5,9% grâce à une hausse limitée à 0,6% de ses capacités en 2013, lesquelles ne devraient augmenter que de 1,5% en 2013.

Les analystes attendaient en moyenne pour 2012 un chiffre d'affaires de 25,43 milliards d'euros, une perte d'exploitation de 325 millions et une perte nette de 759 millions, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

Sur le seul quatrième trimestre, Air France-KLM a réduit sa perte d'exploitation à 143 millions d'euros -contre une perte de 158 millions attendue par les analystes- après une perte de 202 millions sur la période correspondante de 2011.

"Trimestre après trimestre, on améliore la situation, mais ce n'est pas encore suffisant", a déclaré le directeur financier Philippe Calavia à des journalistes. "L'élément de positif est ce début de retournement qui doit nous inciter à maintenir nos efforts".

Il a souligné que le premier trimestre serait "difficile" mais que le résultat d'exploitation serait en amélioration comparé à la perte de 597 millions accusée sur les trois premiers mois de 2012.

OBJECTIFS 2014 MAINTENUS

Se refusant à toute prévision pour 2013 en raison de la volatilité de la conjoncture, Philippe Calavia a toutefois réaffirmé les objectifs d'Air France-KLM de renouer avec les bénéfices en 2014 et de ramener sa dette nette à 4,5 milliards d'euros à la fin de cette même année.

En 2012, Air France-KLM a réduit sa dette de plus de 500 millions d'euros à 5,97 milliards, son désengagement partiel de la plate-forme Amadeus ayant contrebalancé une facture de carburants de 890 millions d'euros, deux fois plus élevée que les prévisions faites par le groupe en début d'année dernière.

Philippe Calavia a estimé que l'objectif de réduction de la dette n'empêchait pas le groupe de regarder des opportunités d'acquisitions, dans un secteur où la consolidation est loin d'être terminée.

"Les seules opportunités qu'on peut avoir pour aller de l'avant sont ailleurs qu'en Europe. Même dans notre situation, on a encore les moyens de faire les investissements si on a l'opportunité en Amérique latine ou en Asie", a-t-il dit.

"En matière de consolidation, il ne faut pas attendre, il faut être au front et prendre les premiers les décisions. Autrement il ne vous reste que ce que les autres n'ont pas voulu prendre".

Air France-KLM compte finaliser "courant 2013" sa commande de 25 long-courriers A350 à Airbus, annoncée en septembre 2011, a déclaré Jean-Cyril Spinetta. Début janvier, le PDG d'Air France Alexandre de Juniac avait dit espérer un accord au premier trimestre.

Jean-Cyril Spinetta s'est refusé à tout commentaire sur la décision d'Airbus de renoncer aux batteries lithium-ion pour l'A350 après les déboires subis par Boeing qui ont conduit à clouer au sol le 787.

"Je fais confiance aux constructeurs sur les choix technologiques qui sont les leurs", a simplement dit le patron d'Air France-KLM.

Cyril Altmeyer et James Regan, édité par Gilles Guillaume

par Cyril Altmeyer et James Regan